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- Lutte ouvrière n°2104
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SNCF - La grève du 24 novembre : Pas question d'accepter les projets de la direction !
Cette grève a été relativement bien suivie, les grévistes étant dans certains secteurs particulièrement nombreux : 60 % au triage de Sibelin près de Lyon, 60 % à Vénissieux, 67 % à Saint-Étienne, 85 % à Woippy, centre de Fret de la région Lorraine, 67 % à Mitry dans le nord de l'Ile-de-France, 60 % à Paris Austerlitz, 50 % à Belfort, 72 % à Strasbourg, etc. Et cela, malgré une politique des syndicats faite de reculs et d'abandons.
En effet, lundi 17 novembre, la FGAAC (syndicat des agents de conduite) et la CFDT retiraient leur préavis de grève. Cinq syndicats avaient toutefois maintenu leur appel : CGT, SUD-Rail, FO, CGC et CFTC. Mais tout au long du week-end des 22 et 23 novembre, les directions syndicales, et en premier lieu la CGT, ont retiré leur appel les unes après les autres jusqu'à ce qu'il ne reste plus que SUD-Rail. Le prétexte a été quelques reculs de la direction et le fait que le décret signé par le gouvernement et entérinant les modifications ne s'appliquerait pas au 14 décembre, mais... ultérieurement.
Or, il est loin d'être abandonné. Comme l'a expliqué dans une interview Guillaume Pépy, président de la SNCF, " On n'a pas du tout retiré le projet de réforme (...) on garde le décret (...) ", un décret qui maintient en particulier la possibilité d'appliquer les dispositions suivantes aux cheminots : pour les agents de conduite comme pour les sédentaires, le nombre de repos doubles (deux jours qui se suivent) ramené de 52 à 48 ; pour les sédentaires, la durée d'une journée de travail pourrait être allongée jusqu'à 10 heures et son amplitude portée à 13 heures ; les horaires de service dans le cadre de postes en roulement modifiés 48 heures à l'avance au lieu de dix jours actuellement, etc.
Aujourd'hui, Guillaume Pépy se vante d'avoir instauré à la SNCF avec l'accord des directions syndicales " un système légal de volontariat pour expérimenter de nouvelles organisations du travail ". Mais ce prétendu volontariat consiste en une dérogation à la réglementation du travail qui lui permettra de calculer au plus juste les effectifs nécessaires, de jongler avec les cheminots présents pour pallier le manque d'effectifs, au mépris de leurs conditions de vie et de travail et finalement, de faire passer sa réforme complète de la réglementation du travail à la SNCF.
Si la grève du 24 novembre a mis en évidence quelque chose, c'est bien que les cheminots ne sont pas prêts à accepter la politique que la direction SNCF entend mener à leurs dépens, et cela malgré les renoncements des principales organisations syndicales. À l'avenir, Pépy devrait compter avec cela plutôt qu'avec la précipitation de certaines directions syndicales à s'asseoir à la table des négociations.