Un "plan de relance européen"... chacun pour soi26/11/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/11/une2104.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Un "plan de relance européen"... chacun pour soi

La Commission européenne devait, le 26 novembre, présenter le plan de relance qu'elle prépare, un plan de l'ordre de 130 milliards d'euros. Que ce plan soit destiné à financer la " relance ", autre nom pour les entreprises, à commencer par les plus grandes, qui peut en douter ? Mais toute la question est de savoir qui financera quoi. Ou plutôt, les dirigeants des 27 États membres de l'Union européenne étant évidemment tous d'accord pour présenter la note à leurs populations respectives, il reste à savoir comment ces États se partageront (ou pas) l'addition.

C'est bien là que le bât blesse, comme l'a montré le Conseil des ministres franco-allemand qui vient de se tenir à Paris.

Deux jours avant la présentation dudit plan de relance, " la France y travaille, l'Allemagne réfléchit ", a résumé Sarkozy. Angela Merkel, elle, a mis en garde contre " toute précipitation ", expliquant que les 50 milliards d'euros que l'État allemand a décidé d'injecter dans sa propre économie représentaient sa contribution au plan européen. Mais, ont dit d'une seule voix la chancelière Merkel et Sarkozy, ils sont " d'accord sur la coordination " des mesures décidées par chacun.

Autrement dit, les représentants des deux principales puissances de la zone euro, l'Allemagne et la France, sont d'accord pour voir, pour discuter, et même pour dire qu'il faut agir, mais chacun pour soi. La bourgeoisie allemande, qui a une économie plus puissante que les autres États européens, n'a bien sûr nulle envie de financer un plan de relance où pourraient piocher des États qu'elle regarde comme des pique-assiette. Dont la France qui, même si elle n'est pas la seule, laisse filer ses déficits publics pour financer ses entreprises (en fait, leurs propriétaires) et qui se verrait bien avoir accès pour ce faire à d'autres sources de financement, européennes justement.

Et quand Merkel et Sarkozy, depuis une même estrade, se disent tous deux " d'accord sur la nécessité de prendre d'autres mesures " que celles qu'ils ont déjà décidées en faveur de leurs classes possédantes, il y a fort à parier que la principale question que l'une et l'autre se posent est : comment faire payer ces mesures aux autres membres, moins puissants, de l'Union européenne.

Ainsi, quand Sarkozy déclare : " C'est notre volonté... à Mme Merkel et à moi... de défendre l'industrie européenne " automobile, il parle bien sûr des groupes automobiles allemands et français, qui trustent les trois quarts de la production européenne du secteur. Et là, la France et l'Allemagne ont bien l'intention, parce que cette fois leurs intérêts convergent, de faire payer l'ensemble des pays de l'Union européenne pour protéger les profits des actionnaires de Peugeot-Citroën, de Mercedes, de Porsche ou de Renault...

Sur cela, il peut y avoir accord entre ces partenaires, en même temps que rivaux, que sont les principaux États de l'Union européenne. Mais ce sera un accord a minima pour le reste car, la crise aiguisant les rivalités entre puissances impérialistes, le chacun-pour-soi devient de plus en plus tentant pour ces puissances rivales. On en a d'ailleurs eu une illustration toute récente. Ainsi, alors que la Commission européenne se préparait à présenter son plan " européen " et que l'Allemagne et la France tentaient de s'accorder pour imposer leurs vues (et surtout leurs intérêts) aux autres pays européens, le Royaume-Uni, troisième larron de la troïka dominant l'Europe, vient de décider unilatéralement de baisser le taux de sa TVA, afin de relancer son économie. Une mesure que justement sont censées proscrire les règles de fonctionnement de l'Union européenne...

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