Amora - Pour le profit d'Unilever : Trois usines et près de 300 emplois supprimés26/11/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/11/une2104.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Amora - Pour le profit d'Unilever : Trois usines et près de 300 emplois supprimés

Jeudi 20 novembre, les travailleurs des trois usines Amora de Dijon, Chevigny, dans la banlieue dijonnaise, et Appoigny, dans le département voisin de l'Yonne, se sont mis en grève et se sont retrouvés à l'usine de Dijon, à l'appel des syndicats présents dans ces usines (CGT, CFDT, FO).

Il avait été décidé d'attendre tous ensemble et en grève le résultat du Comité central d'entreprise que les représentants syndicaux avaient demandé à la direction afin d'avoir enfin une réponse sur la situation de l'emploi. En effet, bien que des rumeurs aient couru qu'il y aurait des suppressions de postes, la direction se refusait à toute information.

C'est ainsi que les travailleurs ont brutalement appris qu'Unilever, le trust auquel appartient Amora, avait l'intention de fermer leurs usines d'ici 2010 : celle de Dijon, celle d'Appoigny et un centre logistique à Chevigny, ce qui supprimerait 296 emplois selon les syndicats.

Choqués que la direction expédie l'affaire en un quart d'heure alors que la vie de près de 300 personnes était en train d'être ruinée, les représentants syndicaux ont exigé qu'elle aille le dire elle-même aux travailleurs qui attendaient à la cantine. Devant ceux-ci elle a essayé de discourir sur ce qu'elle appelle une " restructuration ", et surtout de... filer en quatrième vitesse. Des représentants syndicaux se sont mis devant la porte pour l'obliger à faire preuve d'un minimum de décence.

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'a pas réussi à calmer la colère et le dégoût des travailleurs.

Les usines Amora ont toujours fait du bénéfice, 22 millions l'an dernier par exemple. Bénéfice obtenu à coups d'augmentation de l'exploitation. Par exemple, sur les lignes qui produisent 80 000 pots de moutarde par poste, à Chevigny, il n'y a plus que trois personnes au lieu de six il y a quelques années. Les usines ont une rentabilité de 10 %. Et Unilever, le trust auquel elles appartiennent, est un des plus riches du monde.

De plus, alors que d'un côté Amora essaie de justifier ces fermetures par une baisse des ventes de 20 %, par ailleurs elle prévoit de faire passer la production de 50 000 tonnes à 80 000 et, depuis des mois, elle fait pression sur les salariés de Chevigny pour qu'ils passent en 3x8 afin d'augmenter la production.

Et surtout, la direction se garde bien de dire ce qu'il adviendra des travailleurs. Rien n'est dit sur leur sort. C'est évidemment un calcul, pour que pendant un an ils vivent dans l'angoisse, puisque les fermetures sont prévues pour 2010. Elle parle vaguement de 150 reclassements dans une future et hypothétique plate-forme logistique qu'Unilever construirait près de Dijon, et d'une cinquantaine d'autres sur la quatrième usine, celle de Chevigny qu'Unilever a l'intention de garder. Mais personne n'y croit. Et même si des reclassements sont proposés, cela signifierait par exemple trois heures de route par jour pour les salariés de l'Yonne. Pour ceux de Chevigny qui ont fait de la logistique toute leur carrière, il faudrait se retrouver sur une ligne et inversement, pour ceux qui étaient à la production, dans l'usine de Dijon, se retrouver à faire de la logistique... !

Les notables politiques, à commencer par le maire PS de Dijon Rebsamen, y ont tous été de leurs déclarations éplorées. Mais à part une rencontre chez le préfet avec des responsables d'Unilever (s'ils acceptent... !) soi-disant pour leur demander des comptes, c'est tout ce qui est proposé. Ce n'est sûrement pas ça qui peut faire peur à un trust de la taille d'Unilever.

Il faudra pourtant bien que la mobilisation des travailleurs fasse cracher à Unilever ce qui leur est dû.

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