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- Lutte ouvrière n°2104
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Leur société
Affaire Clearstream (suite et pas fin) : À droite aussi, la guéguerre fait rage
C'est une bonne blague, venant de celle qui présida le parti chiraquien de 1999 à 2002, certes à la suite non pas d'un " psychodrame électoral ", mais d'une succession de coups fourrés entre hiérarques de la droite. Car jusqu'en 1997, on ne faisait même pas semblant de consulter les adhérents pour élire le président du RPR !
Et l'actualité rappelle que la droite en connaît aussi un rayon quant aux camps qui se haïssent au sein d'un même parti. Sarkozy vient en effet, par juges interposés, de renvoyer son ancien " compagnon " du mouvement chiraco-gaulliste, Villepin, devant un tribunal correctionnel pour " complicité de dénonciation calomnieuse " et " participation active... à un processus frauduleux ". Il l'accuse en l'occurrence d'avoir manigancé l'affaire Clearstream, en 2004, dans le but de le couler dans la course à l'investiture de l'UMP à l'élection présidentielle. À l'époque, la presse avait cité des personnalités politiques, dont Sarkozy, dont les noms figuraient sur des listings censés provenir d'une banque du paradis fiscal luxembourgeois, des listings dont on ne tarda pas à apprendre qu'ils avaient été trafiqués.
Faussaires, hommes de l'ombre, cabinets noirs et cabinets ministériels, coups tordus, plaintes en diffamation... ce feuilleton court vers sa conclusion politico-judiciaire depuis l'élection de Sarkozy, qui a promis de " suspendre à un croc de boucher " le ou les responsables de cette affaire. Et il a visiblement les moyens de motiver les juges à accélérer les poursuites contre son rival malheureux.
Du coup, celui-ci vient d'écrire au Conseil d'État en accusant Sarkozy de " violer le droit à un procès équitable " et d'avoir " instrumentalisé ses fonctions de président de la République pour la satisfaction de ses intérêts personnels ". Et Villepin accuse Sarkozy d'avoir maintenu en place tout exprès un juge qui lui est hositle.
En attendant le jugement, s'il a lieu, Sarkozy n'en finit pas de savourer sa vengeance. Il vient ainsi de signer un décret qui confère " la dignité de grand officier (de la Légion d'honneur) aux anciens Premiers ministres qui ont exercé leurs fonctions durant deux années au moins ". Parmi les ex-Premiers ministres, Mauroy, Rocard, Balladur, Juppé, Jospin, Raffarin y auront donc droit, mais pas le dernier en date, Villepin : il n'a été en place " que " un an et onze mois et demi...
Les dernières péripéties de la rivalité qui oppose Sarkozy à Villepin (et Chirac) auraient sans doute fourni quelque motif de se réjouir aux dirigeants socialistes, s'ils n'avaient, eux aussi, trop à faire à s'étriper en public et en coulisses.