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SNCF : La grève du 6 novembre réussie
La grève du 6 novembre dernier, à laquelle l'ensemble des roulants étaient appelés par les syndicats CGT et SUD, a été très bien suivie. À Nantes, les conducteurs étaient en grève à 60 % tandis qu'un TGV sur deux était supprimé ainsi que pratiquement tous les TER et tous les trains Corail. L'assemblée des grévistes du matin a réuni environ quatre-vingts participants. À Rennes, il y avait 70 % de grévistes parmi les conducteurs, dont une cinquantaine tinrent une assemblée dynamique. En région parisienne, le pourcentage des grévistes tourna autour de 50 %. Dans les régions lyonnaise, bordelaise, marseillaise, etc., partout la grève fut suivie largement.
Les raisons de réagir sont nombreuses et importantes. Elles concernent tous les cheminots, roulants comme sédentaires, même si les directions syndicales n'appelaient que les agents de conduite à cette grève du 6 novembre.
Dans le cadre de sa politique de réorganisation du secteur Fret et au nom de la concurrence entre la SNCF et les nouvelles sociétés ferroviaires, qui peuvent désormais faire circuler des trains sur l'ensemble du réseau ferré, la direction veut modifier la réglementation du travail des cheminots roulants et sédentaires du Fret. Les cheminots du Fret sont les premiers concernés, mais certainement pas les seuls, les agents de conduite des trains de voyageurs étant les prochains, et tous les autres cheminots les suivants.
La SNCF se propose de modifier l'article 49 de la réglementation du travail afin d'augmenter la productivité des cheminots. Actuellement, cet article 49 représente une sorte de verrou juridique qui impose la consultation de l'inspecteur du travail et l'avis du comité d'établissement avant d'apporter quelque modification que ce soit aux règles du travail. Par exemple, aujourd'hui, la durée moyenne de travail journalier se calcule sur trois semaines consécutives. Après modification, cela se ferait sur quatre semaines. La durée journalière de travail passerait de 8 à 10 heures. L'amplitude d'une journée de travail, avec coupure, serait allongée de 11 heures à 12 heures et même à 13 heures pour les sédentaires dans les triages. Le nombre de " repos doubles " ou " repos triples ", équivalant à des week-ends mais pouvant être situés en semaine, passerait de 52 à 48 par an. L'heure limite de fin de service la veille d'un départ en repos serait portée à minuit au lieu de 19 heures actuellement. En fin de repos, la prise de service serait ramenée à minuit au lieu de 6 heures du matin au plus tôt, comme actuellement. Ces quelques exemples, parmi une liste de dix-huit modifications prévues, justifient amplement le mécontentement des cheminots. Les journées de travail sont déjà de plus en plus longues, les congés difficiles à obtenir à cause du manque de personnel, et la fatigue accumulée influe sur la santé mais aussi sur la sécurité au travail. Les grévistes ont tenu à affirmer qu'ils n'accepteraient pas l'allongement du temps de travail, notamment de nuit, et la baisse du nombre de repos et de jours de RTT.
Le fait que cette grève du 6 novembre ait été bien suivie a surpris la direction, mais elle a surtout redonné un coup de fouet au moral des cheminots, y compris de ceux qui n'avaient pas été appelés à se joindre au mouvement par les syndicats. La conscience que, pour faire plier la direction, il sera nécessaire que les cheminots soient tous ensemble dans la lutte la prochaine fois, grandit.