Les prétendus "emplois aidés" : De vrais emplois transformés en emplois de misère12/11/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/11/une2102.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les prétendus "emplois aidés" : De vrais emplois transformés en emplois de misère

Le 28 octobre, Sarkozy, dans le cadre de son discours sur l'emploi, a voulu faire sensation en annonçant : " la création de 100 000 contrats aidés supplémentaires dans le secteur non-marchand dans le budget 2009 ". Ce n'est pas cela qui va résoudre les problèmes du chômage présent et à venir.

Il s'agit de ce qu'on appelle les CAE, (contrats d'accompagnement dans l'emploi), qui sont pour l'essentiel à mi-temps et donc à demi-salaire. Leur nombre, qui avait été fortement diminué en 2008 par rapport à 2007 (moins 40 % dans l'Éducation nationale), reviendrait tout juste au chiffre de cette année-là, 300 000. Ils ne seraient pas recréés là où ils avaient été enlevés, mais essentiellement affectés à " de nouvelles missions ". Le gouvernement a ressorti ainsi l'arme des " emplois aidés " pour, affirme-t-il, limiter les effets du chômage. Mais ni aujourd'hui ni dans le passé, ils n'ont eu cet effet.

TUC, CES : des sigles trompeurs

C'est la gauche au gouvernement en 1984, alors que PS et PC laissaient les mains libres au patronat pour licencier massivement, qui pour tenter de faire oublier sa politique, inventa les premiers emplois aidés, les TUC, travaux d'utilité collective. C'était, annonça-t-on, pour : " lutter contre le chômage et satisfaire des besoins nouveaux ", dans les collectivités locales, les associations, etc. L'argumentation allait être reprise jusqu'à aujourd'hui par tous les gouvernements. Ces contrats étaient payés en dessous du smic, à mi-temps, et concernaient en réalité des activités déjà existantes, mais à moindre coût.

En 1989, les TUC furent remplacés par les contrats emploi solidarité, les CES. Ces emplois étaient toujours à mi-temps et à mi-salaire. En théorie, le recours à des CES était interdit pour remplacer des emplois existants, surtout à plein temps. De même cela ne s'appliquait pas aux services de l'État et de la santé. Mais l'État fit le contraire, de façon massive et générale. Les trois plus grands employeurs de CES furent l'Éducation nationale et tout ce qui dépendait des écoles, la santé avec les hôpitaux publics et enfin l'action sociale. Les CES occupaient des emplois normaux et indispensables, voire vitaux, laissés vacants par ces administrations : emplois administratifs, d'entretien, pour l'accueil des élèves, les cuisines, voire comme auxiliaires de soins, les ASH, dans les hôpitaux. Ces trois secteurs se retrouvèrent à employer 60 % du total des CES, hors collectivités territoriales. En 1996 la Cour des comptes relevait : " L'interdiction des CES dans les services de l'État a été détournée, parfois sur un encouragement exprès de l'autorité hiérarchique. "

Le nombre total des CES grimpa ainsi jusqu'à 600 000 en 1992, puis frôla les 800 000 à la fin 1995. Cela permit de jouer sur les statistiques du chômage... mais en même temps cela transforma en travailleurs pauvres des centaines de milliers de travailleurs.

Nouveaux sigles, pour toujours la même vieille recette

Depuis la création de ces emplois aidés, chaque nouveau gouvernement a voulu prétendre " changer les choses ". Avant la transformation de cette année, il y avait : les contrats d'avenir, les CAE, les CIE, le CIE-RMA, les Civis, et la liste n'est pas complète. Mais la seule chose qui ait changé est leur nom, leur nombre, et la création des contrats aidés pour les patrons. Ceux-ci pouvaient jusqu'alors, grâce à des contrats aidés qui leur ont été réservés, employer des salariés au coût fortement diminué pour eux, puisqu'il était payé en bonne partie par l'État.

Aujourd'hui, avec le RSA censé aider les salariés sans emploi en grande difficulté, il ne subsiste, en dehors de celui-ci, que deux contrats aidés : les CIE destinés au secteur marchand, c'est-à-dire à des entreprises, et les CAE pour le secteur non-marchand, principalement l'État et les collectivités.

Créer des vrais emplois pour satisfaire les besoins en attente

Tous les gouvernements ont contribué, par cette politique de contrats aidés dans les services publics, à créer officiellement une catégorie de travailleurs sous-payés et marginalisés. L'État a mis des centaines de milliers de travailleurs dans une situation extrêmement précaire, alors qu'ils accomplissaient des tâches pourtant indispensables. Il faudra en finir avec cette précarité généralisée et institutionnalisée, en embauchant massivement en emplois fixes, et cela dans tous les services publics, dans l'Éducation, dans les hôpitaux publics, partout où le personnel manque cruellement pour satisfaire les besoins de toute la population.

Partager