Aux actionnaires de payer pour la crise dans l'automobile, pas aux travailleurs !12/11/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/11/une2102.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Aux actionnaires de payer pour la crise dans l'automobile, pas aux travailleurs !

Après la construction immobilière et les banques, c'est l'industrie automobile qui est touchée par la crise. Les ventes de voitures sont en chute depuis trois mois. Comment pourrait-il en être autrement, lorsque le pouvoir d'achat des salariés ne cesse de reculer, lorsqu'un nombre croissant de travailleurs en sont réduits à l'allocation chômage ou au RMI et lorsque, par ailleurs, le crédit devient plus cher ? Et la production de voitures de grand luxe genre Ferrari ou Rolls Royce, pour une clientèle riche, ne peut pas remplacer la consommation populaire.

Prévoyant à plus long terme une baisse de ses profits, le patronat du secteur réagit par anticipation. Des États-Unis à l'Europe et au Japon, les patrons de l'automobile multiplient les journées de chômage partiel et les suppressions de postes. Renault prévoit 6 000 suppressions de postes en Europe, dont 4 900 en France. PSA Peugeot-Citroën ajoute 2 500 postes supprimés à ceux qui l'ont déjà été, en particulier des emplois d'intérimaires. General Motors menace de fermer son site de Strasbourg, Ford le sien près de Bordeaux. On prévoit au total 85 000 emplois supprimés dans l'industrie automobile dans le monde.

Evidemment, ces suppressions d'emplois se doublent, et au-delà, de suppressions d'emplois chez les sous-traitants. Ce sera rapidement le tour des fournisseurs. ArcelorMittal a déjà annoncé une réduction de ses activités, car le bâtiment et l'automobile constituent ses principaux débouchés.

Les patrons de chacune des étapes de la production essaient de rejeter les conséquences de la crise sur leurs compères des autres étapes, et tous de les rejeter sur leurs travailleurs.

Et devant la crise, tous se tournent vers les États. Les patrons des grandes entreprises de l'automobile agitent la sébile devant les gouvernements. Les trois géants de Detroit, General Motors, Ford et Chrysler, ont déjà obtenu un prêt à taux préférentiel de 25 milliards de dollars sous le prétexte, ô combien écologique, de faire des recherches pour des voitures " propres ". Mais cela ne leur suffit pas. Il est vrai que le cadeau est modeste, par rapport aux centaines de milliards donnés pour sauver les banques et les banquiers. Mais Bush comme son successeur Obama sont d'accord pour une rallonge conséquente.

De leur côté, les constructeurs européens, Peugeot et Renault en tête, en sont à réclamer un prêt de 40 milliards d'euros.

Ces cadeaux, il faudra bien les financer, et c'est à la majorité de la population qu'on imposera le paiement, d'une manière ou d'une autre.

À peine touché par les premiers souffles de la crise, le patronat exige que le poids de celle-ci soit supporté par d'autres que lui-même. Et, bien entendu, tous ses larbins de la politique ou des médias vont répétant que ces cadeaux au patronat de l'automobile, c'est pour sauver ce secteur et, par là même, pour sauver l'emploi.

On nous rabâche depuis plusieurs mois que les centaines de milliards de crédits accordés aux banquiers, c'est pour sauver le système financier, l'argent des épargnants et, par là, l'économie tout entière. On disait aux États-Unis, dans le temps, que ce qui était bon pour General Motors était bon pour l'Amérique. L'adage est élargi aujourd'hui pour nous convaincre que ce qui est bon pour le patronat et pour les banquiers est bon pour la société.

C'est un mensonge grossier. Les intérêts des patrons et des actionnaires de l'automobile ne se confondent pas avec ceux des travailleurs. Ils sont même rigoureusement opposés. Pendant des années, toutes les grandes entreprises de l'automobile ont tiré des profits considérables de l'exploitation des travailleurs. Pour financer le maintien des emplois, il faut puiser dans ces profits accumulés par les entreprises elles-mêmes ou par leurs actionnaires. Il n'y a pas de raison que les entreprises et leurs actionnaires gardent la main sur les profits accumulés qui, avec la spéculation, n'ont servi qu'à apporter la crise, et que les travailleurs perdent leur emploi, la seule chose qui leur permet de survivre dans l'économie capitaliste.

Répartir les emplois entre tous sans diminution de salaire et interdire les licenciements collectifs, il n'y a pas d'autre moyen de préserver les conditions d'existence des travailleurs en cette période de crise.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 11 novembre

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