Espagne - Crimes du franquisme : La droite bloque la recherche de la vérité12/11/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/11/une2102.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne - Crimes du franquisme : La droite bloque la recherche de la vérité

Le tribunal suprême d'Espagne vient de rendre son verdict concernant la décision du juge Baltasar Garzon de procéder systématiquement aux exhumations des milliers de fosses communes où sont enterrés les hommes et les femmes qui ont été fusillés par les forces de répression du général Franco entre 1936 et 1955. Pour le moment l'ouverture de fosses ordonnée par Garzon est bloquée, et le problème qu'il a soulevé reste entier.

Le juge Garzon estimait que la législation actuelle, définie par la loi dite " de la mémoire historique ", donnait trop de pouvoir aux autorités judiciaires locales, qui pouvaient accepter ou refuser d'autoriser les exhumations des victimes du franquisme et cédaient bien souvent face aux pressions des milieux réactionnaires, partisans de taire les crimes de la dictature franquiste. Il voulait que soit instituée une procédure exigeant systématiquement l'ouverture des fosses, afin que soit enfin reconnu et mis à la portée de tous le droit de connaître la vérité sur cette période.

Eh bien, non. Les hauts responsables de l'appareil judiciaire, les hommes politiques de droite ont mis tout leur poids dans la balance pour que le juge Baltasar Garzon soit mis en échec. Il a été accusé de violer la Constitution de 1977 qui, un peu moins de deux ans après la mort de Franco, instaurait l'amnistie pour les crimes politiques commis pendant la dictature.

L'affaire n'est pas close. En attendant, cette affaire montre la pleutrerie des dirigeants des partis politiques qui se succèdent au pouvoir depuis un peu plus de trente ans. Car non seulement les hommes politiques de droite se sont opposés à ce que la vérité soit faite sur le passé, mais les dirigeants de la gauche les ont cautionnés. Après avoir fait allégeance à la monarchie et applaudi à la réconciliation nationale, les dirigeants du parti socialiste PSOE et du PCE ont joué la carte du silence. Et si José Luis Zapatero a appuyé la loi sur la mémoire historique - ce qui lui vaut, c'est vrai, les critiques de la droite -, il s'est bien gardé de prendre une mesure législative impulsant la recherche de la vérité sur une période qui a marqué profondément toute la société espagnole.

En réalité, parmi ceux qui prétendent protéger par le silence et l'oubli du passé la bonne entente des générations à venir, il y a sans doute des gens simples qui se trompent. Mais tous les hommes politiques qui tiennent ces discours n'ont en fait pas peur de réveiller les drames du passé, mais ils ont peur de voir les générations qui font l'Espagne d'aujourd'hui prendre conscience de ce dont sont capables les possédants quand ils se sentent menacés, et des combats qu'il faut mener pour changer la société.

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