Grande-Bretagne - Récession : Les travailleurs en font déjà les frais12/11/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/11/une2102.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne - Récession : Les travailleurs en font déjà les frais

Le 24 octobre, le Premier ministre travailliste Gordon Brown annonçait officiellement l'entrée en récession de l'économie britannique. Depuis, les quotidiens nationaux publient une rubrique Observatoire de la récession, où les commentateurs prédisent que celle-ci sera pire que celle du début des années 1990. Pour la population laborieuse du pays, néanmoins, tout cela n'est pas vraiment nouveau.

La baisse du taux d'intérêt de la Banque d'Angleterre n'a pas empêché la hausse des taux de crédit subis par les ménages. Or la plupart des familles ouvrières ont un ou plusieurs prêts hypothécaires sur leur logement (chaque prêt servant à payer le précédent) et une dette sur leurs cartes de crédit qui s'élève souvent à plusieurs années de salaire. Pour elles, la hausse des taux est un drame.

Le recours à la banqueroute personnelle, seul moyen légal pour les ménages endettés d'échapper à la prison pour dettes - en perdant tout -, atteint des niveaux jamais vus. Tout comme les expulsions qui, avant même la dégringolade financière de ces deux derniers mois, dépassaient en nombre les années noires de 1991-92, avec 120 expulsions par mois - soit 71 % de plus qu'au dernier trimestre 2007. Malgré le " pacte moral " prétendument passé par Brown avec les institutions financières en échange des centaines de milliards d'euros mises à leur disposition par l'État, celles-ci ne tolèrent plus, en fait, aucun retard de paiement.

Chômage en hausse

C'est surtout dans le domaine de l'emploi que la récession se manifeste depuis un an déjà. Nombre de chantiers du bâtiment sont désormais déserts. Les constructions inachevées ont été recouvertes de bâches en attendant une situation meilleure. Les ouvriers, eux, sont au chômage et même les statistiques ont fini par le montrer. Les derniers chiffres disponibles font état d'une augmentation de 164 000 chômeurs entre juin et août derniers. Et ils ne tiennent pas compte des travailleurs dits " indépendants ", très nombreux dans le bâtiment, ni de ceux qui en sont réduits à faire quelques heures ici où là.

Depuis l'été, les fermetures d'entreprises, les licenciements et le chômage partiel ont gagné d'autres secteurs - la finance, bien sûr, mais aussi la grande distribution, l'agro-alimentaire, la très profitable industrie pharmaceutique et, plus récemment, l'automobile et la construction mécanique. Ainsi Ford prépare la fermeture de son usine de véhicules utilitaires à Southampton, tandis que le britannique GKN, l'un des plus gros groupes mondiaux de pièces détachées pour l'aéronautique et l'automobile, s'apprête à licencier 1 400 ouvriers.

Avec la montée du chômage, un phénomène relativement nouveau apparaît. Les patrons ne se contentent plus d'exiger des travailleurs qu'ils acceptent un gel de leurs salaires pour " sauver l'emploi ", ils cherchent à leur imposer une baisse de salaire. JCB, multinationale qui emploie 15 000 ouvriers à la production de gros engins pour le bâtiment et l'armée, a ainsi pu imposer une baisse de salaire de l'équivalent de 270 euros par mois, en échange de la " sauvegarde " de 150 emplois menacés. Il est vrai que, dans ce cas, l'entreprise a reçu l'appui enthousiaste d'appareils syndicaux bien décidés à faire la démonstration de leur " responsabilité " face à la récession, et ceci, quel qu'en soit le coût moral et matériel pour les travailleurs ! Mais ce n'est malheureusement pas un cas isolé.

L'austérité à l'ordre du jour

Quant au gouvernement, qui s'est lancé dans une fuite en avant aux dépens des finances publiques, et donc de la population, dans son zèle à sauver la mise aux banques, il parle déjà d'austérité. Dans les transports par exemple, le projet d'électrification des principales voies ferrées à l'horizon 2012 est d'ores et déjà abandonné. Dans le logement social, des " investissements " censés venir en aide aux familles en difficulté se révèlent être déjà prévus au budget mais seront, en fait, destinés à la petite bourgeoisie. Dans la santé, les mesures de fermetures hospitalières s'accélèrent et on sait que son budget baissera l'an prochain.

Mais le pire, sans doute, a été l'annonce du maintien du plan Brown contre les allocataires en invalidité. Son but est de forcer un million des 2,5 millions d'allocataires à " chercher du travail ", en réduisant leurs allocations de 40 % " jusqu'à ce qu'ils aient fait la preuve d'un handicap insurmontable ".

C'est un cynisme révoltant que de prétendre " aider " ainsi des handicapés et des malades à " trouver du travail ", alors qu'il n'y en a même plus pour ceux qui sont en bonne santé ! Mais c'est toujours ça de gagné pour l'État. Pour permettre aux bourgeois de sabler le champagne et célébrer les largesses de Brown, c'est aux plus vulnérables qu'il présente l'addition !

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