Chantiers de démolition navale en Asie du Sud : "Ces chantiers qui brisent l'enfance"12/11/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/11/une2102.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chantiers de démolition navale en Asie du Sud : "Ces chantiers qui brisent l'enfance"

C'est sous ce titre que la Fédération internationale des ligues des Droits de l'Homme publie un rapport consacré au travail des enfants dans les chantiers de démolition navale du Bangladesh. Mais on pourrait faire le même constat pour d'autres pays, principalement en Asie du Sud, surtout l'Inde et le Pakistan.

À l'origine, il y a le problème de la démolition navale. On construit chaque année des millions de tonnes de navires. Lorsque ceux-ci arrivent en fin de vie, après une vingtaine ou une trentaine d'années de service, il faut bien s'en débarrasser. Mais si pour construire il y a des chantiers sophistiqués, pour démolir, une simple plage sur laquelle on fait échouer le navire suffit.

Pas besoin de matériel lourd et coûteux. Les démolisseurs ne sont équipés que de postes de soudure pour découper les tôles, de cordages pour les tirer, et c'est à peu près tout. Il faut aussi des myriades de travailleurs sous-payés, qui sont contraints d'accepter d'accomplir leur tâche dans des conditions invraisemblables d'absence de sécurité et de droits sociaux.

Les navires en fin de vie sont le plus souvent des tas de ferraille rouillée, absolument pas nettoyés, recelant une multitude de produits dangereux : des restes de carburants et d'huiles minérales, des métaux lourds très dangereux (plomb, zinc, mercure, etc.) dans les peintures et revêtements, des matières plastiques de toutes sortes, dont certaines peuvent produire de la dioxine en brûlant, et aussi de l'amiante. La liste n'est pas exhaustive.

Les travailleurs en contact avec ces saletés ne sont absolument pas protégés.

Nombre d'entre eux sont victimes d'accidents du travail et de maladies professionnelles. Lorsqu'un travailleur est malade, il rentre chez lui, et on n'en parle plus. Aucune indemnité est prévue.

Combien sont-ils, ces travailleurs ? On n'en sait rien. Les gouvernements des pays concernés ne publient rien. Il y aurait sur les plages au nord de Chittagong, le principal port du Bangladesh, environ 30 000 démolisseurs et 100 000 à 200 000 récupérateurs des résidus des navires transformés en miettes.

Chittagong est devenu le premier centre mondial de la démolition navale, suivi par Alang en Inde. C'est parce qu'on y trouve des plages convenables, des grandes marées facilitant l'échouage des navires, et une main-d'oeuvre payée à des salaires de misère.

Scandale dans le scandale, selon le rapport de la Fédération internationale des Droits de l'Homme, environ 25 % des travailleurs de ces chantiers sont des enfants de moins de 18 ans.

Voilà comment les armateurs des pays riches, de France entre autres, propriétaires de ces navires, se débarrassent de leurs déchets en les envoyant dans des pays pauvres. La convention visant à empêcher l'envoi de déchets dangereux dans les pays du Tiers Monde n'est pas respectée. Les divers États laissent faire, l'Union européenne laisse faire et les organismes internationaux qui régissent le trafic et le commerce maritimes laissent faire.

Et les travailleurs et les enfants du Bangladesh, d'Inde, du Pakistan, etc., continuent d'en crever.

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