Dans la région de Compiègne, depuis la fin du mois d'octobre, toutes les entreprises travaillant pour l'automobile ont annoncé des mesures aggravant la situation des travailleurs. Le patron de l'usine Continental, usine de pneumatiques de 1 200 travailleurs située à Clairoix près de Compiègne, a décidé le licenciement de 140 intérimaires, des dizaines d'autres ont été licenciés à Saint-Gobain ou dans sa filiale SVE, située à Noyon. À Inergy, une usine qui fabrique des réservoirs à carburants, 51 postes sur 500 devraient être supprimés. Du chômage partiel, parfois déguisé en jours de RTT pris par anticipation, a été décidé à CIE Automotive, anciennement Lajous, dans laquelle ne travaillent plus que 280 ouvriers, sur 500 que comptait l'usine il y a un an, ainsi qu'à la fonderie Affimet qui produit de l'aluminium en lingot pour l'automobile. Cent trente-six postes seraient supprimés à l'usine Rieter à Rémy, commune proche de Compiègne également, sur une usine de 185 travailleurs !

Autant dire qu'il ne va pas rester beaucoup de possibilité de trouver un emploi, en particulier pour tous ceux qui travaillent en intérim. D'ailleurs, en ce moment, les agences d'intérim conseillent à ceux qui cherchent un emploi de ne plus passer pendant quelque temps, car ils n'ont plus rien à proposer. Les employés qui travaillent dans ces agences craignent pour leur propre emploi du fait de la baisse du recours au travail intérimaire.

Les patrons des usines de la région ont entonné la même chanson et se sont abrités derrière la crise que traverse l'automobile : " Cette situation impose une réaction rapide qui nous conduit à réorganiser notre outil industriel ", a déclaré la direction d'Inergy. Autrement dit, ce serait aux travailleurs de payer. Pourtant, toutes ces usines appartiennent ou sont liées à des grands groupes, comme Continental, une des plus grandes multinationales du pneumatique, ou Saint-Gobain, multinationale spécialisée dans l'industrie du verre. Comme Renault et PSA, elles ont fait de confortables bénéfices pendant des années, bénéfices dont une partie a été perdue dans la spéculation. Il en reste cependant assez pour garantir tous les emplois, y compris ceux des intérimaires.