Après l'attentat du 11 septembre, le gouvernement américain a lancé, sous le nom de " projet deepwater ", un appel d'offres pour moderniser l'équipement de ses garde-côtes. Ce fut le regroupement Lookheed-Martin et Northrop Grumman, fournisseurs habituels de l'armée américaine, qui remportèrent ce marché de 24 milliards de dollars sur 20 ans. Mais, comme il s'agit du pays de la libre entreprise, l'État leur confia toute l'affaire, les entreprises privées se contrôlant elles-mêmes, depuis l'étude des besoins jusqu'à la réalisation et à l'équipement complet de 91 navires, 124 vedettes, plus quelques avions et hélicoptères.

La livraison des premiers bateaux, en 2006, donna lieu à quelques surprises. Les embarcations rallongées avaient une fâcheuse tendance à s'ouvrir sur la couture, le matériel électronique embarqué sur les canots ne supportait pas l'eau, des brèches s'ouvraient dans les coques des bateaux neufs, les embarcations légères flottaient comme des briques, le câblage dégageait des gaz asphyxiants en cas d'incendie et le " bateau amiral " qui aurait dû être la fierté des garde-côtes présentait des faiblesses structurelles telles qu'il valait mieux qu'il reste au port...

Ces légères malfaçons finirent par causer quelques remous. Aussi, le 21 décembre dernier, après neuf mois de négociations avec les marchands de canons indélicats, le Sénat finissait-il par voter une modification du contrat de façon à permettre un contrôle public de " deepwater ", autrement dits " eaux profondes ". Si c'est là qu'il faut aller chercher les fonds engloutis...