Ouverture du marché de l'électricité : EDF, meilleur soutien de ses concurrents09/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2058.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ouverture du marché de l'électricité : EDF, meilleur soutien de ses concurrents

Le marché de l'électricité et du gaz est ouvert à la concurrence pour les particuliers depuis le 1er juillet dernier mais, en six mois, à peine 35 000 consommateurs sur 25 millions, soit 1,4 pour mille, ont quitté EDF pour aller chez les concurrents. Ces derniers pleurent donc misère. Ils réclament et obtiennent des mesures en leur faveur... avec le soutien d'EDF !

Le plus médiatique de ces concurrents d'EDF est Beigbeder, dirigeant de Poweo, qui réclame ce qu'il appelle " la vraie ouverture du marché ".

On sait qu'initialement un client quittant EDF ou GDF ne pouvait plus, ensuite, revenir aux tarifs réglementés. Du coup, très peu ont osé le faire. Mais l'Assemblée nationale a adopté le 13 décembre, à la demande des concurrents d'EDF, un amendement permettant de revenir, en cas d'insatisfaction, aux tarifs réglementés.

Dans une interview à Libération, Beigbeder s'en explique : " Sans cette réversibilité, on ne pouvait pas y arriver, le consommateur avait trop peur de quitter EDF. "

Mais comment Poweo et les autres peuvent-ils sérieusement concurrencer les tarifs d'EDF, relativement bas grâce au nucléaire ? C'est simple : Poweo a conclu un accord avec EDF. La compagnie, encore nationale pour le moment, lui vend de l'électricité à prix de gros pour une période de quinze ans, de 2007 à 2022. Et cette électricité, obtenue à prix coûtant, Poweo pourra la revendre au prix du marché, peut-être parfois moins élevé que celui d'EDF. En échange Poweo, qui construit une centrale électrique, vendra à EDF, pour la période 2009 à 2024, de l'électricité en période de pointe, et donc à prix élevé.

On pourrait s'attendre à voir EDF protester : mais non, elle encourage ces mesures. En effet celles-ci préparent la fin des tarifs réglementés, et donc la hausse générale des tarifs que souhaite EDF, en vue entre autres de sa privatisation.

Poweo ne gêne guère EDF, qui peut même s'en servir comme prétexte pour augmenter ses prix. Et ce ne sont pas seulement Poweo et consorts, ce sont la direction d'EDF, celle de GDF et l'État qui préparent méthodiquement l'envolée des prix de l'électricité et du gaz pour les années à venir.

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