Zéro de conduite !09/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2058.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Zéro de conduite !

Sale temps pour les ministres ? Leur patron Sarkozy les soumet à une évaluation de performances, confiée à une entreprise privée de " consultants " qui a établi pour chacun des critères chiffrés. Il en sortira une note, délivrée et commentée lors d'un entretien qui pourrait être préalable, non pas à licenciement, mais à remaniement ministériel.

Ça ne rigole pas !

Ainsi, le ministre du Travail serait " noté " selon le nombre de chômeurs contraints de prendre n'importe quel emploi ou d'ouvriers obligés à travailler le dimanche. Le ministre de l'Éducation Darcos, " apprécié " selon le nombre d'heures supplémentaires imposées aux enseignants, pour cause de suppressions d'emplois. La ministre de l'Économie Lagarde " évaluée " selon son aptitude à nier l'inflation. La ministre du logement Boutin " jaugée " sur les tentes de sans logis qu'elle aura demandé à la police de faire disparaître. Le ministre de l'Immigration Hortefeux, selon le nombre d'étrangers expulsés.

Du chiffre, du chiffre... mais quels chiffres !

Les lauriers iront aux champions de l'ignominie.

Si le jury avait été recruté dans le monde du travail, plutôt que d'aller financer ce " cabinet en stratégie Mars & Co ", les notes seraient plus salées. Et tous recalés. Sarkozy en tête pour baratin sur l'amélioration du pouvoir d'achat. Ce dont les derniers sondages d'opinion donnent d'ailleurs un avant-goût !

Bilan de l'année scolaire, donc : l'élève Xavier Bertrand, ministre du Travail ? S'agite beaucoup, mais pour s'en prendre aux retraites, si bien que les cheminots et agents de la Ratp se sont fortement mobilisés en novembre. Il ne s'en serait pas sorti sans l'aide des fédérations syndicales avec lesquelles il parlote encore. Et il voudrait maintenant nous faire tous passer à 41 ans d'annuités, voire 41 ans et demi.

L'élève Éric Woerth, ministre du budget et de la fonction publique ? Bavarde beaucoup, lui aussi, avec les fédérations de fonctionnaires, mais foin de l'augmentation générale des salaires dans le secteur, foin des centaines de milliers de postes nécessaires pour rendre viables les services publics, et en particulier les établissements scolaires.

L'élève Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur ? Surestime largement ses capacités, au point d'avoir soulevé la fronde des étudiants et d'une partie des profs et chercheurs.

L'élève Roselyne Bachelot, ministre de la Santé ? Facilement m'as-tu vue, forte en succès faciles contre la cigarette, mais mégote quand il s'agit de rembourser au personnel hospitalier les 23 millions d'heures supplémentaires qui leur sont toujours dues. Et le pouvoir d'achat part en fumée avec l'introduction à partir du 1er janvier 2008, sous ses auspices, des franchises médicales sur les médicaments et le transport en ambulance.

L'élève Rachida Dati, ministre de la Justice ? N'a pas décroché le prix de bonne camaraderie chez les juges et avocats, à trop vouloir rayer des tribunaux de la carte. Et n'a rien entrepris contre la grande misère des prisons françaises, aussi indignes que celles de régimes dictatoriaux.

Zéro pointé pour tous.

Reste aux travailleurs à infliger leur sanction à cette politique générale qui vise à réduire toujours la part des salaires au profit du capital. De gauche comme de droite, les gouvernants qui se sont succédé depuis près de 30 ans ont tous fait le même " chiffre ". Bilan : l'indice " CAC 40 " des principales valeurs boursières a augmenté de + 470 % depuis sa création. Ce faisant, les plus pauvres et les plus modestes s'appauvrissent toujours plus.

La colère du monde du travail est bel et bien là, et ne se contentera pas de distribuer de mauvaises notes. Pour gagner plus sans travailler plus, ni plus longtemps, il faut rétablir le rapport de force en notre faveur : infliger à tous les lèche-bottes du patronat qui paradent au gouvernement, chez le Pape ou aux côtés de Bolloré, une frousse salutaire. Oui, n'en déplaise à Sarkozy, que l'année 2008, quarante ans après mai 68, soit celle où ce sera la rue qui gouverne.

Éditorial des bulletins d'entreprise du lundi 7 janvier 2008, édités par la Fraction.

Convergences Révolutionnaires n° 54 (novembre-décembre 2007) Bimestriel publié par la Fraction

Dossier :

Croissance, décroissance, d'un cauchemar à l'autre

Articles :

Cheminots, RATP, EDF, GDF, étudiants, fonctionnaires : La fédération des luttes à portée de mains ?

Retraites : 15 ans d'attaques systématiques

Une tribune de la LCR : poursuivre la discussion, engager de nouvelles relations

USA : la majorité contre la guerre

Allemagne : grève tenace des roulants

Belgique : les méfaits du communautarisme : suite mais pas fin.

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