Le grand chantier de Sarkozy : La démolition des droits sociaux09/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2058.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le grand chantier de Sarkozy : La démolition des droits sociaux

Personne ne s'en était aperçu, à part peut-être les inconditionnels du sarkozisme, mais on serait entré dans une nouvelle ère de civilisation, qui daterait de l'entrée de Sarkozy dans le palais de l'Élysée. C'est lui-même qui nous le dit.

Mais derrière sa déclaration fleuve lors de sa conférence de presse du 8 janvier, derrière le déluge verbal de l'avocat madré, derrière un discours de camelot, que trouvait-on ? Rien de vraiment neuf.

Car nous dire que pour améliorer le sort des salariés, on va leur distribuer des actions, et même des stocks-options, ce n'est pas une idée nouvelle. C'est même une vieille ficelle, dont de Gaulle et quelques-uns de ses émules, ou prétendus tels, s'étaient déjà servis, sans que cela change le sort des salariés. Sinon, depuis le temps, cela se serait vu.

Quant à nous refaire, à la faveur d'une question sur la défense du pouvoir d'achat, le numéro qu'il nous avait déjà servi à la télévision en novembre dernier, expliquant qu'il n'y peut rien, car les caisses de l'État sont vides, c'était, au mieux, une rediffusion. Ce qui a été un peu plus inattendu, c'est sa réponse agacée pour dire que " le pouvoir d'achat, il n'y pas que ça ".

Certes, pour des gens comme lui et ses amis milliardaires, il y a peut-être des problèmes, mais pas celui des fins de mois. Mais lui, d'ordinaire si loquace, s'est prudemment gardé de profiter de sa présence à la télévision pour nous dire qui avait pu vider ces caisses et préciser au profit de qui. Ne serait-ce pas son gouvernement, celui qu'il préside actuellement, et ceux auxquels il a participé, entre autres comme ministre des Finances sous Chirac, qui les ont vidées, pour aider à remplir celles de ses amis les patrons ?

Même les quelques phrases destinées à égratigner les fonds spéculatifs ou les dérives du capitalisme ne sont pas des innovations. Avant lui, Mitterrand condamnait ceux qui faisaient de l'argent en dormant ; Chirac s'était fait le champion de la lutte contre la fracture sociale. C'est la même rengaine, avec des paroles à peine différentes, qu'on nous chante pour nous bercer.

Mais Sarkozy y a ajouté son petit grain de fantaisie : il se propose d'utiliser la Caisse des dépôts et consignations comme arme de lutte contre la spéculation. Cette Caisse des dépôts est liée à l'État, mais en principe agit en toute indépendance. Cette proposition ne manque pas de sel, quelques mois à peine après que l'on a appris que cette caisse avait racheté à Lagardère et à de hauts cadres d'EADS des actions d'Airbus, juste avant que leur cours ne s'effondre. Comme arme contre la spéculation boursière et contre la montée en puissance des fonds spéculatifs, il aurait pu trouver mieux !

Par contre, là où il a su se montrer clair, net et concis, c'est lorsqu'on lui a demandé s'il était pour ou contre le maintien des 35 heures et qu'il a répondu d'un mot qu'il était contre. Mais là encore son attitude n'est ni une nouveauté ni une surprise. La droite, à l'unisson avec le patronat veut remettre en cause les 35 heures, comme elle veut mettre bas tout ce qui, peu ou prou, limite les prérogatives des patrons de tout calibre.

Avant même de reconstruire un " Grand Paris ", comme il en a exprimé l'ambition, c'est ce grand chantier de démolition qui est au coeur des projets de Sarkozy et de son gouvernement.

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