Fillon aux Antilles : Qu'en termes choisis ces choses-là sont dites09/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2058.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fillon aux Antilles : Qu'en termes choisis ces choses-là sont dites

Lors de son récent séjour aux Antilles, le Premier ministre Fillon a notamment déclaré que le modèle économique fondé sur une " politique active de transferts financiers et une forte intégration à l'économie métropolitaine est dépassé parce que les ressources publiques sont maintenant plus rares ". Tout ce langage ampoulé pour dire, en fait : " Il faut vous préparer à vous serrer la ceinture ", c'est dans la droite ligne de ce que le gouvernement martèle à longueur de déclarations en France-même.

Le prétexte des déficits publics, on nous le sert maintenant à toutes les sauces. Aux salariés des régimes spéciaux, on dit qu'ils sont privilégiés et on supprime leurs maigres avantages au nom de l'égalité... par le bas ; à la population, on dit qu'elle prend trop de médicaments ; aux salariés, qu'ils ne travaillent pas assez ; aux fonctionnaires, qu'ils sont trop nombreux ; aux immigrés, qu'on ne peut les loger et les soigner ; aux Africains, même chez eux, qu'ils coûtent trop cher ; aux Antillais, qu'ils sont trop assistés ! C'est à croire que s'il n'y avait plus personne, la France serait beaucoup plus riche !

En revanche on ne parle pas des richesses que créent toutes ces catégories de la population par leur travail. Est-ce donc qu'elles tombent du ciel !

Lorsque Fillon parle de plus " d'autonomie financière pour les DOM ", prépare-t-il, bien qu'il s'en défende, un nouveau bricolage statutaire sur le mode d'une décentralisation plus poussée de manière à désengager encore plus l'État et à réaliser plus d'économies ? Il est un peu tôt pour le dire.

Soit dit en passant, il fut un temps où de tels propos suffisaient à mettre son auteur à l'index comme dangereux " autonomiste ", " indépendantiste ", " communiste " ou autre " castriste ". Un député socialiste de Guadeloupe, Paul Valentino, partisan de " l'autonomie budgétaire ", en fut victime à la " grande époque " coloniale.

Aujourd'hui, en remettant en cause " les secteurs protégés de l'économie " et les " situations de rente ", et un peu de la politique de départementalisation, ce ne sont pas les aides aux patrons et riches propriétaires békés que Fillon remet en cause. Ce qu'il a voulu dire tout simplement en version " tropicalisée ", c'est ce qu'il dit en " métropole " même aux travailleurs : il faut se préparer à accepter plus de sacrifices, et par exemple en filigrane, pour l'outre-mer, la suppression des primes de 40 % aux fonctionnaires par exemple. De plus, lorsque Fillon dit encore que " la trop forte intégration à l'économie métropolitaine induit des freins sur l'emploi "... en relation avec la concurrence régionale, cela veut dire en clair que les salaires sont trop élevés aux Antilles françaises par rapport aux autres îles bien plus sous-développées de la Caraïbe.

Évidemment, en changeant l'ordre des comparaisons non plus entre Antilles françaises et " métropole ", mais entre Antilles françaises et Antilles anglophones ou néerlandaises, on pourrait en faire, par ce tour de passe-passe, des économies florissantes ! Mais la réalité de ce qui demeure légalement au moins des " départements français ", même " d'Amérique " (DFA), ce sont 90 000 chômeurs sur une population active de 330 000 personnes !

Fillon voulait-il parler pour ces îles " d'une capacité de développement plus autonome " ou d'une " capacité de sous-développement plus autonome ? "

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