La "rupture à l'amiable" du contrat de travail - Droits sociaux : En arrière toute !09/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2058.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La "rupture à l'amiable" du contrat de travail - Droits sociaux : En arrière toute !

On en est à la dernière ligne droite des négociations entre les syndicats et le patronat sur ce que ce dernier et le gouvernement ont appelé, très mal à propos : " la modernisation du marché du travail ". En fait de " modernisation ", si l'on prend l'exemple de la revendication patronale de " rupture à l'amiable " du contrat de travail, le mot est particulièrement mal choisi.

En effet, le projet patronal entend instituer une " négociation " individuelle, où le salarié se retrouverait seul face à son patron, en lieu et place des droits collectifs actuels qui régissent les licenciements. On en reviendrait en fait aux relations salariés-patrons qui avaient cours il y a plus de cent ans !

Au 19e siècle, les patrons, considérant leurs ouvriers et employés, non comme des hommes et des femmes qui avaient des droits, mais comme une vulgaire marchandise, en disposaient à leur guise et les jetaient à la rue quand et comme ils le voulaient. Les ouvriers, privés de droits collectifs en matière d'embauche et débauche, devaient " se vendre " à leur patron, en tentant de marchander, en position de faiblesse, individuellement, leur salaire et leurs conditions d'emploi. Le patron pouvait, de son côté, changer ces conditions quand et comme il le voulait. La seule liberté du salarié était de partir et donner son compte.

Conscients que, dans la relation individuelle entre l'ouvrier et son patron, c'est le patron qui avait tous les droits, les travailleurs se sont battus pour imposer que l'embauche et le licenciement soient fixés par des droits collectifs, pour mettre fin à cette dictature absolue des patrons sur leur emploi.

Il aura fallu des dizaines d'années de lutte du monde du travail pour imposer quelques limitations à la liberté totale de licencier des patrons. Grâce à cela, si la législation dans son ensemble est faite pour les patrons, grands et petits, si elle consacre leur droit à exploiter leurs salariés, un certain nombre de lois et les conventions collectives leur imposent quand même des obligations. S'ils ne les respectent pas, ils peuvent être condamnés à payer des indemnités et même, en de rares cas, voir les licenciements annulés.

Il ne s'agit certes pas de protections absolues, mais incontestablement ces droits arrachés au patronat servent à tous les travailleurs, en particulier à ceux des petites entreprises, où la défense collective des travailleurs est plus difficile.

Le patronat, soutenu par le gouvernement, présente comme " une avancée moderne " son projet de " séparation à l'amiable ", en lieu et place des droits collectifs actuels réglementant les licenciements. Mais c'est un retour au 19e siècle qu'ils veulent.

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