Tchad : Sous prétexte de la guerre la répression s'abat sur les populations09/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2058.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tchad : Sous prétexte de la guerre la répression s'abat sur les populations

Cet article est extrait du journal Le Pouvoir aux travailleurs, édité par nos camarades de l'Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI - UCI)

Les nouveaux combats qui ont éclaté fin novembre-début décembre, au nord est du Tchad, entre l'armée gouvernementale et les diverses factions armées de la rébellion, étaient, paraît-il, d'une rare violence. On parle de plusieurs centaines de morts parmi les belligérants, de part et d'autre. On sait qu'en pareille circonstance, ce sont toujours les populations des zones où se déroulent les affrontements qui sont les principales victimes, et en général, les plus nombreuses aussi, car les chiffres officiels ne sont pas souvent annoncés.

Si les victimes civiles sont abandonnées à leur sort, les soldats morts ont eu droit à un enterrement officiel tandis que les blessés sont acheminés par voie de terre et par air à Abéché (ville du nord) ou à N'djaména pour y être soignés. Certains militaires blessés, faute de place, et aussi par manque du personnel compétent (chirurgiens surtout) sont acheminés vers le Cameroun voisin, notamment à Kousseri, Garoua ou Yaoundé.

Depuis le 28 novembre dernier, l'hôpital de référence de N'djaména ouvert au public est fermé : seuls les blessés de guerre y sont soignés, et l'armée monte la garde pour empêcher les civils d'y entrer. Or les autres hôpitaux de la capitale, qui sont privés, coûtent cher ; dans ces conditions, les pauvres n'ont qu'à crever.

Depuis le début de ce nouveau conflit, sous prétexte de traquer des rebelles qui se seraient infiltrés dans la capitale, mais aussi pour saisir les armes détenues par certains habitants, un couvre-feu est instauré dans N'djaména. En pareil cas, des hommes armés, en tenue militaire ou pas, en profitent pour voler tout ce qui a de la valeur : télévisions, radios, téléphones portables, tapis, etc.

En sus du couvre-feu, une censure a frappé la presse, écrite surtout. Avant toute parution, le responsable d'un journal doit envoyer une copie à la présidence pour lecture. Il faut attendre l'aval du comité de censure. Mais on ne sait pas encore pour quel motif le directeur de publication de l'hebdomadaire Notre Temps a été arrêté il y a quelques jours, et tous les exemplaires du dernier journal ont été saisis. Selon les dernières nouvelles, le directeur a été relâché.

Rappelons que cet hebdomadaire est connu dans le milieu petit-bourgeois comme un journal qui critique ouvertement les agissements et les magouilles des dirigeants. Ce qui lui attire parfois les foudres des gouvernants. L'ancien directeur du journal, plusieurs fois menacé par les sbires du régime, a finalement été assassiné par poison. Les dirigeants croyaient ainsi en finir avec toute critique envers eux ou contre leur gouvernement. Mais à leur grande surprise, le petit frère du défunt a pris la relève. Le pouvoir s'acharne à nouveau sur lui.

D'autres journalistes ont été également intimidés. C'est le cas, par exemple, du rédacteur d'un autre hebdomadaire, L'Observateur, ou du bihebdomadaire N'djaména Hebdo.

Les populations tchadiennes en ont marre de cette guerre qui dure depuis plus d'un quart de siècle, et des couvre-feu à répétition qui désorganisent la vie sociale, qui profitent à un ramassis de brigands de tout bord : elles souhaitent vivement la fin de la guerre qui leur est imposée d'en haut, par le gouvernement et les différents seigneurs de guerre.

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