CHU de Nancy : L'hôpital rentable... aux dépens des malades et du personnel09/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2058.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

CHU de Nancy : L'hôpital rentable... aux dépens des malades et du personnel

Depuis le début de 2007 et conformément aux réformes en cours dans l'ensemble des hôpitaux, le CHU de Nancy est divisé en 18 pôles d'activité, chacun regroupant plusieurs services. L'objectif premier est bien entendu de dégager de nouvelles économies, en essayant progressivement d'habituer le personnel à la mobilité entre les services, ce qui n'était pas la règle. L'organisation en pôles va également être la base d'un système dit " d'intéressement ". Le directeur général, un énarque qui ne jure que par " l'entreprise ", veut être l'un des tout premiers à expérimenter ce nouveau mode de gestion, qui va concerner plusieurs pôles pour commencer.

Cet intéressement est une prime destinée non pas au personnel, mais au pôle. Des objectifs de trois sortes - de qualité, d'activité et financiers - seront définis chaque année et, lorsqu'ils auront été atteints, des points seront accordés au pôle, qui donneront lieu à une rétribution d'autant plus grande qu'il y aura plus de points. Le directeur général compte bien qu'avec cette carotte les responsables des pôles tout nouvellement nommés se comporteront comme de véritables chasseurs de prime.

On devine les conséquences qu'aura ce système pour les personnels et les malades. Parmi les objectifs qui pourront être fixés figurent l'augmentation du taux d'occupation des lits, la diminution de la durée moyenne de séjour, la réduction des dépenses en personnel, la réduction de la consommation de produits, notamment de médicaments : tout cela se traduira par une dégradation de la qualité des soins et un alourdissement de la charge de travail pour les agents. L'intérêt du patient en effet ne pèsera pas lourd face à la perspective de l'enveloppe et une pression permanente sera exercée sur les personnels.

Déjà aujourd'hui il faut faire de plus en plus de sorties et d'entrées de patients, former sans cesse des infirmières intérimaires qui ne sont que de passage dans les services, car les effectifs permanents sont bien trop justes. Confrontés directement à cette dégradation, les soignants eux-mêmes se demandent comment ils seront soignés s'ils sont malades un jour !

Par contre le nombre de directeurs et de cadres explose avec la manie des procédures d'évaluation à mettre en place, à faire appliquer et bien sûr à évaluer ! On en arrive à une situation ubuesque où l'hôpital fonctionne avec de moins en moins de soignants et de plus en plus de cadres !

Au Comité technique d'établissement, tous les syndicats ont voté contre l'intéressement, mais le directeur n'a rien voulu entendre. Il n'y a qu'un mouvement de colère des personnels hospitaliers qui pourra stopper cette régression.

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