Italie : Manifestation contre les attaques de Renzi29/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2413.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Manifestation contre les attaques de Renzi

Samedi 25 octobre, la manifestation appelée par la CGIL contre la réforme du marché du travail a été un succès. Des dizaines de milliers de manifestants venus de toute l'Italie, dans les cars ou les trains spéciaux affrétés par le syndicat, ont manifesté à Rome.

Jeunes précaires, retraités et chômeurs, cortèges de travailleurs menacés de licenciement par la fermeture de leur entreprise, employés de la fonction publique contre les réductions d'effectifs formaient les rangs de cette manifestation « pour le travail ».

Dès le départ Renzi, le chef du gouvernement italien, a clairement annoncé la couleur : sa réforme, baptisée « Jobs act », doit « libérer » le travail, c'est-à-dire permettre aux patrons de licencier et d'embaucher sans contraintes légales.

Les gouvernements précédents avaient déjà été dans le même sens. L'âge de la retraite a été reculé, de nouvelles formes de contrats précaires ont été autorisées, et le symbolique Article 18, qui protège les travailleurs des licenciements abusifs et que Renzi propose d'éliminer, a été largement vidé de son contenu. Chacune de ces attaques a été accompagnée par les directions syndicales, soit ouvertement, soit en faisant mine de s'opposer pour mieux les laisser passer ensuite.

Si la CGIL a cette fois-ci choisi de montrer qu'elle est capable de mobiliser largement, comme elle l'a déjà fait par le passé, c'est pour protester contre le manque de concertation avec les syndicats, Renzi ayant carrément déclaré qu'il se passerait de leur accord pour mener sa réforme.

Dans ses discours, Susanna Camusso, la dirigeante de la CGIL, parle beaucoup des atouts de l'Italie, de ses propositions pour une politique d'investissements industriels... C'est se placer sur le terrain du patronat au lieu de préparer une contre-attaque du monde du travail. Et c'est bien ce que ressentaient une partie des manifestants de Rome, qui attendaient de Camusso qu'elle donne une suite à cette journée de manifestation. Celle-ci a évoqué une « grève générale », mais pour dire qu'elle devait arriver « au bon moment », sans autre précision. Quant à Landini, secrétaire de la fédération de la métallurgie, la FIOM, qui représente l'aile gauche du syndicat, il a déclaré : « Un gouvernement qui se dit de gauche ne peut pas avoir cette politique de droite (...) C'est une manifestation énorme. Que le gouvernement nous écoute et ne fasse pas d'accords uniquement avec la Confindustria (la confédation patronale) ».

Ni les incantations pour une politique « vraiment de gauche » ni les appels au gouvernement pour qu'il écoute les directions syndicales ou au patronat pour qu'il fasse les bons investissements ne permettront aux travailleurs de défendre leurs intérêts. Pour que cette manifestation réussie soit le prélude à une véritable riposte du monde du travail, il faudra aux travailleurs une autre politique et d'autres objectifs.

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