Moyen-Orient : L'impérialisme américain voudrait utiliser le combat des Kurdes29/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2413.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Moyen-Orient : L'impérialisme américain voudrait utiliser le combat des Kurdes

Depuis plus d'un mois, les combattants kurdes de la ville de Kobané, au nord de la Syrie, résistent à l'avancée du groupe EI. L'armée américaine a organisé des frappes aériennes pour freiner l'avance des djihadistes. Le 19 octobre, elle a largué des armes aux combattants kurdes, dont certaines semblent d'ailleurs être tombées aux mains des djihadistes eux-mêmes. En même temps, les pays membres de la coalition impérialiste se servent du combat des Kurdes pour présenter leur intervention comme guidée par le souci de la liberté des peuples menacés par les djihadistes.

Que les populations et les milices kurdes cherchent par tous les moyens pour continuer à résister à l'avancée de l'EI, on les comprend et on ne peut que s'en dire solidaires. Mais il faut dès maintenant dire que les calculs de l'impérialisme et de ses alliés n'ont aucun rapport avec les droits des Kurdes et ne peuvent conduire qu'à d'autres situations dramatiques pour l'ensemble des populations de la région.

Depuis un siècle, les Kurdes sont les victimes des calculs de l'impérialisme. La situation a commencé à changer en 1991 suite à l'intervention américaine en Irak. Autant les États-Unis comme la France avaient laissé leur allié Saddam Hussein massacrer les Kurdes d'Irak avec ses armes chimiques, autant après l'effondrement de l'État irakien suite à l'intervention impérialiste, ils tentèrent de s'appuyer sur les Kurdes pour s'en faire des alliés. C'est ainsi que le Kurdistan d'Irak, qui compte sur son territoire une bonne partie des puits de pétrole du pays, conquit une indépendance de fait grâce à la protection militaire occidentale.

En cet été 2014, l'impérialisme a trouvé dans les combattants kurdes qui résistaient à l'avancée du groupe État islamique, une force militaire pouvant être utilisée. Les pays occidentaux ont accepté de leur envoyer quelques armes en espérant les voir remplacer l'intervention au sol de soldats américains qu'ils ne veulent pas envoyer sur place. Mais cette politique est rendue compliquée du fait des alliés des États-Unis eux-mêmes. Ainsi le régime turc, lui-même en guerre contre les nationalistes kurdes du PKK depuis plus de trente ans, ne veut absolument pas du renforcement d'un pouvoir kurde. Le gouvernement turc d'Erdogan a donc refusé de laisser passer les combattants kurdes qui voulaient rejoindre Kobané, elle-même défendue par des milices du PYD, un parti proche du PKK de Turquie. Et si finalement le gouvernement turc a accepté de laisser passer des combattants kurdes, il s'agit uniquement des Peshmergas venus du Kurdistan d'Irak. Erdogan espère en effet jouer sur les rivalités entre les partis kurdes d'Irak, dont il s'est fait des alliés, et les partis kurdes de Turquie et de Syrie.

Ce n'est malheureusement pas dans un tel contexte que le combat des Kurdes pourra aboutir à la satisfaction de leurs aspirations nationales ni même être un pas vers leur unification au sein d'un seul État. Les dirigeants impérialistes cherchent seulement à se servir d'eux, comme ils se sont servis des milices djihadistes avant qu'elles n'échappent à leur contrôle. Cela fait partie de leur jeu de divisions pour continuer à dominer le Moyen-Orient, qui consiste à dresser les peuples ou les fractions de peuples les uns contre les autres.

C'est ainsi qu'en 1948 la constitution de l'État d'Israël, basée sur des aspirations de la population juive de Palestine, a abouti à faire de celle-ci l'instrument des interventions de l'impérialisme, vouée à une guerre permanente contre ses voisins et au rôle de chair à canon. Ce serait un avenir peu enviable pour la population kurde.

La libération des peuples du Moyen-Orient implique le dépassement de leurs divisions, dans un combat commun contre l'impérialisme et pour l'émancipation sociale.

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