Députés fraudeurs : On est loin de tout savoir29/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2413.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Députés fraudeurs : On est loin de tout savoir

« C'en est fini des politiques des copains et des coquins », a réagi Bartolone, président de l'Assemblée nationale, aux révélations sur les députés qui ne sont pas en règle avec les impôts.

Le Canard enchaîné avait auparavant dévoilé que 60 parlementaires seraient en conflit avec le fisc, certains pour lui avoir dissimulé des sommes importantes. Il y a bien sûr de quoi être choqué, d'autant plus que la plupart d'entre eux ont voté des augmentations d'impôts pour la population et trouvent normal de lui faire la morale, tantôt parce qu'elle consommerait trop de médicaments, tantôt parce qu'ils jugent les coûts salariaux trop élevés.

Interrogé, le socialiste Bartolone a d'abord défendu ses collègues en disant que 60 c'était peu, rapporté à l'ensemble des parlementaires. Puis il a tenté de transformer l'information en une bonne nouvelle pour le pays, en expliquant que ce sont les mesures prises par le gouvernement qui auraient permis de savoir ce qui était ignoré jusque-là. Au centre de ces mesures, il y a la création de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) : Bartolone est convaincu qu'avec le président de cette structure, un certain Jean-Louis Nadal, il y a déjà « une transparence totale ». À son tour, le président UMP du Sénat, Larcher, bien qu'embarrassé, n'a pu que se prononcer lui aussi en faveur de la transparence.

La transparence, dans la bouche de ces gens-là, ressemble beaucoup à un écran de fumée supplémentaire. Même après ces révélations, l'essentiel reste dans l'ombre : les liens professionnels et privés des dirigeants politiques avec la grande bourgeoisie, le lobbying des patrons à leur égard et plus encore les pots-de-vin qu'ils leur versent. La véritable transparence n'existerait que si la population pouvait réellement contrôler ses dirigeants.

Le Nadal déjà nommé, de son propre aveu, regrette qu'un journal ait étalé ces faits devant l'opinion publique et « déplore que soient livrées des informations qui entretiennent un climat de suspicion malsaine ». Autant dire que la nouvelle commission qu'il préside ne permettra pas d'en savoir plus.

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