Budget 2015 : Sur mesure pour le patronat29/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2413.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Budget 2015 : Sur mesure pour le patronat

Mardi 28 octobre, le ministre des Finances Sapin faisait savoir qu'il modifiait légèrement le projet de budget 2015, dans le sens demandé par la Commission de Bruxelles. Il aurait trouvé 3,7 milliards d'euros, soit en recettes supplémentaires, soit en dépenses en moins.

Depuis 2013, les États de la zone euro sont tenus de présenter leur projet de budget à la Commission de Bruxelles. Cette procédure, contre laquelle protestent ceux qui y voient une atteinte à l'indépendance nationale, a tout du simulacre. Elle est une extension de la règle européenne qui stipule depuis près de vingt ans que le déficit budgétaire ne doit pas dépasser 3 %. Or la France s'est affranchie allègrement de cette règle quand cela l'arrangeait. Les petits pays comme la Grèce ou le Portugal n'ont pas, eux, cette possibilité et peuvent être mis sous tutelle. Il en sera de même avec la nouvelle règle. Au prix de quelques contorsions comptables marginales, la France présentera un budget en déficit de plus de 4 %, le fera estampiller par la Commission, puis par son Parlement.

Car ministres, commissaires européens et députés sont en fait d'accord sur le fond : l'État doit faire des économies pour payer ses dettes aux banquiers, continuer à subventionner à fonds perdus les capitalistes, acheter des armes à foison et entretenir des guerres au quatre coins du monde. Et c'est cette nécessité, et pas les discours pro ou anti-Bruxelles des politiciens, qui détermine le budget.

Sapin affirme donc que les 50 milliards d'euros d'économies budgétaires en trois ans, dont 21 pour l'année 2015, sont intangibles. Ces économies seront intégralement faites sur les services publics utiles à la population et sur les budgets sociaux, c'est-à-dire par une diminution du niveau de vie des travailleurs. En revanche, le ministre ne touchera pas au pacte de responsabilité, et à ses 20 milliards de cadeaux au patronat. Et de conclure en déclarant intouchable le service de la dette, soit plus de 40 milliards d'euros versés aux banquiers.

Les discours pro ou anti-Bruxelles, les déclarations des économistes distingués ou non, les chiffres savants et les pourcentages complexes ne peuvent pas masquer la réalité : ce budget est un épisode de la guerre que les patrons et leur gouvernement mènent au monde du travail.

Partager