Armatis, Calais : Exploitation et subventions, les deux mamelles du profit29/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2413.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Armatis, Calais : Exploitation et subventions, les deux mamelles du profit

Le centre d'appel Armatis, qui emploie 800 salariés à Calais, va déménager du centre-ville pour s'installer dans la zone industrielle Marcel-Doret, en périphérie. Le PDG du groupe, qui possède à lui seul 25 % des actions, prétend que les locaux sont trop sombres et exigus. Peut-être, mais ils ne l'étaient pas en 2003, quand Armatis s'est installé dans l'ancienne usine Lu ? La lumière venait sans doute du million d'euros de subventions versées alors au groupe, sous plusieurs formes, par l'État et les collectivités locales.

Aujourd'hui, le PDG dit que les installations ont besoin de modernisation et dit avoir choisi de rester dans la ville par fidélité à Calais. Mais sa prétendue fidélité a un prix. La maire UMP de Calais offre à Armatis un beau déménagement : terrain presque gratuit, aménagements extérieurs, parkings, pose des réseaux... Et puis, le nouveau site se situera dans une zone franche, ce qui permet l'exonération de charges sociales patronales et d'impôt sur les bénéfices, de taxe foncière, totale pendant cinq ans, dégressive ensuite. Toutes ces économies viendront grossir les profits de l'entreprise et vider les caisses de l'État et de la ville de Calais, alors qu'Armatis a de l'argent, et pas peu. L'année dernière, Armatis Nord a avoué 300 000 euros de bénéfice net, et ce n'est là que le bout émergé de l'iceberg.

Armatis est possédé conjointement par des groupes financiers dont font partie les banques CIC, Crédit mutuel, Crédit agricole. L'actionnaire majoritaire est le fonds d'investissement Activa Capital, un groupe financier qui dispose de 600 millions d'euros de participation dans des secteurs très profitables : l'électronique de pointe (Nexeya, qui travaille pour Airbus, Tales, Alstom...), l'énergie (Gaz européen), le commerce d'articles de sport (Sport 2000), les crèches privées (Maison bleue), le travail temporaire (Ergalis)... Armatis est le plus beau fleuron d'Activa, avec un chiffre d'affaires de 200 millions d'euros, douze centres d'appels en France et trois à l'étranger.

La source des profits du groupe est donc double : faire main basse sur les subventions publiques, d'une part, mais aussi et surtout exploiter les milliers de travailleurs qu'il emploie. À Calais comme dans tous les centres Armatis, les conditions de travail sont épuisantes, les pressions de la hiérarchie insupportables, au point que de nombreux salariés sont au bord de craquer. Les salaires sont au smic, et souvent moins, car il y a beaucoup de contrats de travail de 28 heures. C'est pourquoi l'hiver dernier, durant deux mois, des centaines de travailleurs des deux sites du département, Calais et Boulogne, ont multiplié les débrayages pour des augmentations de salaire.

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