La gauche malade : Bilan des potions successives de l'Union de la gauche17/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2407.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La gauche malade : Bilan des potions successives de l'Union de la gauche

Dans son discours de clôture de la fête de l'Huma, Patrick Le Hyarick s'est épanché sur « une gauche malade qui vient d'organiser la liquidation après-vente du discours du Bourget de la guerre à la finance ». Pour qui regarde avec lucidité la situation, c'est une évidence. Mais encore faut-il s'interroger sur les causes qui l'ont mise dans cet état, si l'on veut la remettre sur le bon pied.

Le mal remonte à loin. Dès 1972, si l'on considère la période où s'enclenche le déclin actuel, l'homme de droite Mitterrand, identifié comme tel à l'époque, signait avec les dirigeants du PCF un programme commun de gouvernement. Sa démarche visait, disait-il, à réduire l'influence électorale du PCF de 5 millions de suffrages à 3 millions. Pari gagné.

Mitterrand, élu président, nomma quatre ministres du PCF, expliquant en confidence à un politicien de droite qu'il avait « besoin des communistes ». « Je vais, ajoutait-il, les utiliser, je vais continuer à les réduire. » Les dirigeants du PCF associés allaient aider le gouvernement socialiste à imposer, à partir de juin 1982, la politique de rigueur décidée. Ce fut par exemple le ministre PCF de la Santé, Jack Ralite, qui créa le forfait hospitalier.

Alors que Mitterrand avait promis qu'il ne permettrait plus aucune suppression d'emplois dans la sidérurgie, il y en eut 21 000 annoncées en mars 1984, sans que les ministres du PCF ne bronchent vraiment.

Ce ne fut qu'en juin 1984, alors qu'il perdait deux millions de voix par rapport à l'élection européenne de 1979, que le PCF se décida à sortir du gouvernement.

En 1997, alors que les dirigeants du PCF répétaient à qui voulait les entendre qu'ils ne « referaient pas ce qui avait échoué », - c'est-à-dire une nouvelle participation gouvernementale, deux ministres PCF, Marie-George Buffet et Jean-Claude Gayssot, entraient dans le gouvernement Jospin. Ce gouvernement ne remit pas en cause les attaques antiouvrières de son prédécesseur de droite. Il décida de privatisations nouvelles et importantes, tandis que la flexibilité du travail était facilitée par les lois Aubry.

Jospin, sitôt en place, avait déclaré qu'il n'interviendrait pas pour empêcher les licenciements à l'usine Renault de Vilvorde, en Belgique, dont l'État français était pourtant l'actionnaire majoritaire. La sanction tomba aux élections de 2002. Le candidat du PS chuta de 7 millions de voix (23,30 %) à 4,6 millions (16,18 %) et le score du PCF s'écroulait, lui, à 3 % des suffrages. Le Pen était qualifié pour le second tour.

Depuis plus de trente ans, cette politique d'union réapparaît sous des appellations variées. Non seulement elle constitue une impasse du point de vue des intérêts des travailleurs, mais elle a largement contribué à les déboussoler. Elle a également contribué à marginaliser le PCF.

Oui, cette gauche parlementaire est bien malade, mais les vieilles recettes des guérisseurs du PCF à son chevet ne sont pas les bonnes pour aider le monde du travail à se remettre.

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