Absentéisme au travail : Fiction et dure réalité17/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2407.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Absentéisme au travail : Fiction et dure réalité

Il y a peu les médias titraient sur l'augmentation du coût de l'absentéisme pour les entreprises. Le Parisien chiffrait même cette augmentation à 26 %, laissant entendre une augmentation « énorme » de l'absentéisme, sous-entendu avec des salariés qui en profiteraient. Mais au regard des informations fournies par l'étude évoquée, on est obligé d'en arriver à la conclusion inverse.

Depuis trente ans une baisse de l'absentéisme au travail...

Les études officielles, qui prennent en compte tous les salariés, et pas seulement ceux en CDI comme l'a fait l'étude dont la presse s'est fait l'écho, relèvent que, si le taux d'absentéisme était de 5,9 % en 1979, il tournerait aujourd'hui autour de 3,3 %, soit une forte baisse du nombre des absences, toutes causes confondues, maladies, accidents et maladies professionnelles, maternité...

Cela ne signifie évidemment pas qu'il y a moins de malades, moins d'accidentés, moins de femmes en congé maternité. Ces chiffres témoignent surtout de la réticence des salariés à s'arrêter, de peur de perdre leur travail. La preuve est là aussi fournie par les chiffres officiels. Le taux d'absentéisme des salariés en CDI est quasiment 50 % plus élevé que celui des salariés en situation précaire, principalement en intérim, les plus vulnérables face à leurs patrons.

C'est l'Assurance-maladie qui a porté le coup de grâce à tous les mensonges avancés dans le cadre de cette campagne en affirmant que le nombre d'indemnités journalières, dument recensées, a décru entre 2002 et 2012.

Une dégradation permanente de la santé des salariés

Ce que montrent toutes les études, même l'étude pro-patronale d'Alma Consulting dont s'est emparée la presse, c'est que la durée des arrêts augmente bien plus que leur nombre. La catégorie la plus touchée est celle des salariés de plus de cinquante ans. Tout le monde est bien obligé de le reconnaître, la santé des plus anciens encore au travail se dégrade dangereusement. Le recul de l'âge de la retraite et la nécessité de travailler plus longtemps y sont évidemment pour quelque chose.

Ce qui est remarquable, c'est aussi le taux d'absences dues aux seuls accidents du travail. Il atteint le chiffre énorme de 25 % dans les transports, pour une moyenne déjà très élevée de 15 % dans le reste des entreprises. Et cela malgré le comportement systématique des employeurs visant à limiter les reconnaissances des accidents du travail, qu'ils essaient de masquer par tous les moyens, y compris la fraude.

Enfin, il faut noter l'augmentation des arrêts graves, de très longue durée, traduisant la dégradation de la santé des salariés.

Combattre la dégradation des conditions de travail

Comme dans bien d'autres domaines, ce sont les ouvriers, et non les cadres, qui sont les principales victimes d'accidents, de maladies minant leur espérance de vie.

Ce phénomène est d'ailleurs commun aux grands pays capitalistes. Ainsi, une étude menée cette fois par l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), qui regroupe 34 des pays les plus riches, s'alarme de la dégradation des conditions de travail des salariés et de leur environnement, jugés médiocres : « De nombreux travailleurs souffrent de conditions de travail stressantes caractérisées par un niveau élevé d'exigences professionnelles combiné à des ressources insuffisantes pour s'acquitter de leur tâche. » Quand on sait qu'il s'agit d'un organisme officiel au service des États et des trusts, on peut imaginer ce qu'il en est de la réalité.

Pour combattre cette dégradation continue, les travailleurs ne peuvent compter que sur le rejet collectif et radical de ce système qui, en plus de répandre la misère, ne sait que détruire leur santé et abréger leur durée de vie.

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