Non à l'intervention en Irak !17/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2407.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Non à l'intervention en Irak !

Lundi 15 septembre, les ministres des Affaires étrangères de 26 États, dont les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, se sont réunis à Paris. Il s'agissait pour eux de se coaliser contre l'État islamique, EI, qui sévit en Irak et en Syrie.

Si les actes de barbarie de EI sont avérés et même revendiqués, si l'extension du territoire qu'il contrôle montre sa force et sa dangerosité, dans une situation où l'État irakien apparaît dans toute sa décrépitude, les dirigeants occidentaux ont forcé le trait en parlant de menace mondiale. Les populations menacées et victimes de EI sont celles des zones que ces milices occupent. Et ce n'est pas le genre de situation qui émeut les dirigeants du monde occidental. Ils ont en effet laissé égorger bien des peuples et ont eux-mêmes une longue liste de crimes à leur actif. Alors, pourquoi cette fois-ci ?

Les deux promoteurs les plus actifs de cette nouvelle croisade sont Obama et Hollande. Ce sont pour l'instant les seuls qui aient effectivement engagé leur aviation. Leurs raisons sont claires : Obama a une élection à gagner ou à ne pas perdre ; Hollande n'a que sa collection de guerres coloniales pour redorer son blason. Et tous les deux doivent maintenir leur présence dans cette région qui regorge de pétrole.

S'ils ont reçu le soutien poli de leurs comparses occidentaux, ils semblent avoir du mal à entraîner leurs alliés de la région. Ces derniers, de la Turquie à l'Arabie saoudite, ont chacun leurs propres intérêts à défendre, leur lambeau particulier à arracher à l'Irak, leur propre obscure combinaison à mener, dans ce chaos qu'est devenu le Moyen-Orient.

Le Qatar est régulièrement soupçonné de financer des groupes islamistes, dont EI. C'est aussi un grand ami, investisseur et client de la France, ce qui explique sans doute sa présence à la conférence du 15 septembre sur « la paix et la sécurité en Irak ».

L'Arabie saoudite, quant à elle, nullement incommodée par l'obscurantisme fanatique et les décapitations publiques, est à la fois un fidèle allié des Américains, un excellent client de la France et, au travers peut-être de quelques intermédiaires, un bailleur de fonds d'EI, ne serait-ce que comme arme contre Bachar el-Assad.

De son côté, le dictateur syrien, présenté depuis deux ans comme l'ennemi à abattre par la diplomatie occidentale, est pourtant en passe de redevenir un allié... puisqu'il est confronté à EI.

Les bombardements occidentaux, suivis ou non de l'intervention de conseillers ou de troupes, apparaîtront pour ce qu'ils sont : la énième opération pour faire régner l'ordre impérialiste autour des champs de pétrole. Mais, de dictature en bombardements, d'occupation militaire en guerre civile, de terreur religieuse en exécutions publiques, cet ordre est un chemin de croix pour les peuples de la région. Et ce n'est pas l'impérialisme, principal responsable de cet état de fait, qui peut y mettre fin.

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