Israël : Des militaires contre la guerre17/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2407.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : Des militaires contre la guerre

Alors qu'au lendemain de l'opération Bordure protectrice les habitants de la bande de Gaza en sont réduits à vivre au milieu des ruines et des cimetières, 43 soldats et officiers de réserve de l'armée israélienne ont dénoncé la politique de leur pays à l'encontre de la population palestinienne, dans une lettre ouverte au Premier ministre et au chef d'état-major.

Ayant servi dans une unité d'élite du renseignement militaire, chargée en particulier d'espionner la population palestinienne, ceux qu'on appelle là-bas les « refuzniks » formulent des critiques s'en prenant à toute la politique israélienne dans les territoires occupés et à Gaza. Ils dénoncent ouvertement le régime militaire imposé à des millions de Palestiniens, le vol de terres par les colons israéliens, la punition collective des habitants de Gaza, l'élévation du mur de séparation entre Israël et les territoires de plus en plus réduits laissés aux populations palestiniennes, les entraves mises volontairement à leur développement économique.

Ces réservistes ne se contentent pas de lancer un cri d'indignation au nom d'un devoir moral qui, comme le dit l'un d'entre eux, « nous empêche tous de dormir la nuit ». Ils affirment qu'ils refuseront désormais de servir dans l'armée, appellent tous les réservistes, les soldats et les civils israéliens à refuser de prendre part aux exactions de l'État à l'encontre des Palestiniens, les invitent à dénoncer les injustices et à participer à des actions pour y mettre fin.

En brisant le silence, ces jeunes femmes et hommes ne prennent pas seulement le risque de compromettre leur carrière personnelle, mais encourent des peines de prison. Cette dénonciation collective et publique a d'autant plus de valeur qu'elle a lieu au lendemain de l'agression israélienne contre la population de Gaza.

Ce refus de se soumettre aux autorités militaires qui transforment périodiquement la jeunesse israélienne en assassins est un encouragement pour tous ceux qui, en Israël, ne supportent plus d'être les complices d'une politique d'oppression permanente à l'encontre de leurs voisins palestiniens. Certains des 43 signataires ont expliqué clairement que « la seule mission de notre unité dans les territoires occupés n'est pas la défense du pays, mais le contrôle d'un autre peuple ». L'un d'eux a ainsi raconté sa participation à des assassinats ciblés, sa responsabilité y compris dans la disparition d'un enfant éliminé par erreur.

Bien d'autres en Israël, même s'ils n'ont pas toujours réussi à se mobiliser contre l'agression militaire de Gaza, ni à rejoindre les manifestations d'opposants à la guerre à Tel-Aviv, ont dénoncé autour d'eux, ou dans des associations de défense des droits de l'homme, les exactions de l'armée israélienne, le pilonnage de quartiers entiers, d'écoles abritant des enfants ou des réfugiés.

Derrière l'unité nationaliste et guerrière dont se félicitent les dirigeants israéliens, il existe là-bas des hommes et des femmes qui disent non. « Un peuple qui en opprime un autre n'est pas un peuple libre. » Si en Israël certains, même très minoritaires, en ont aujourd'hui conscience, ce ne peut être qu'un gage positif pour l'avenir.

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