PSA Peugeot Citroën - Poissy : La direction licencie pour l'exemple17/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2407.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA Peugeot Citroën - Poissy : La direction licencie pour l'exemple

La direction de l'usine vient de licencier un travailleur, syndiqué à la CGT de façon particulièrement scandaleuse. Pour cela, elle s'est servie d'un incident mineur. Le 16 juillet dernier, ce cariste avait pris une allée en sens interdit mal signalée et avait accroché une passerelle. Il n'y avait eu aucun dégât corporel et la réparation s'était faite très rapidement. Sur le moment, la direction s'était contentée de lui faire repasser un test, qu'il avait parfaitement réussi. Il avait d'ailleurs repris son poste normalement. Mais le 29 août, une semaine après la reprise du travail, la direction le mettait en mise à pied conservatoire, c'est-à-dire hors de l'usine immédiatement, prétextant qu'il représentait un danger pour les travailleurs... un mois et demi après l'incident.

Le message était clair. En licenciant ce cariste n'ayant jamais eu de problème en quatorze ans d'usine, père de quatre enfants et apprécié de tous ses camarades, la direction menace tous les travailleurs. La mobilisation s'est organisée dans son équipe de nuit. Deux pétitions ont été largement signées contre son licenciement. Deux débrayages ont eu lieu, le dernier rassemblant 130 travailleurs venus l'accompagner à son entretien préalable.

La direction, voulant éviter les réactions immédiates, lui a envoyé la lettre de licenciement le samedi 13 septembre. Mais, le lundi, des rassemblements ont eu lieu dans son équipe, pour exprimer l'écoeurement contre ce licenciement.

L'attitude de la direction s'inscrit dans une politique de sanctions qu'elle mène depuis le mois de juin dernier. Des travailleurs se voient menacés de licenciement sous prétexte que leur arrêt de travail arrive à l'usine avec deux heures de retard. D'autres parce qu'ils sont trop malades, ou qu'ils n'ont pas respecté le standard de travail sur la chaîne, ou qu'ils ont quelques retards.

Alors que la direction s'était engagée à n'augmenter la cadence de 46 à 55 véhicules par heure que début octobre, cette augmentation brutale a démarré fin août, dès la reprise. Un chef, voulant se faire bien voir, a même poussé la vitesse de chaîne dans son secteur, au Montage, à 59,5 véhicules par heure. Cette situation est intenable d'un bout à l'autre de l'usine.

Le comble, c'est que cette augmentation de cadence s'est faite en même temps que des annonces de journées de chômage en cascade. Ces journées de chômage, payées en grande partie par l'État, permettent à la direction de diminuer ses stocks de voitures, pour payer moins d'impôt en fin d'année. Et en plus, elles surviennent alors que, dans les six premiers mois, la direction a imposé des samedis obligatoires en nombre.

Fin novembre, la direction arrêtera une des deux lignes de production, avec à la clef des suppressions de postes. D'ores et déjà, elle exerce une pression sur l'ensemble des salariés pour qu'ils acceptent de partir. L'objectif de la direction est de dégrader systématiquement les conditions de travail, pour rendre les travailleurs le plus flexibles possible. Car chacune des minutes gagnées, chaque effort supplémentaire imposé aux travailleurs se traduit par des milliers, des centaines de milliers et des millions d'euros qui s'ajoutent à la fortune des Peugeot.

Malgré leur mobilisation, les travailleurs n'ont pas pu empêcher le licenciement de l'un des leurs. Mais ils ont su réagir et montrer, non seulement à la direction mais à tous les travailleurs de l'usine, qu'il faut refuser cette politique de sanctions. Ils ont contribué à faire prendre conscience que ce licenciement fait partie d'un vaste plan de bataille de la direction contre tous les salariés.

Et ils sont nombreux à se dire qu'en préparant une réaction collective contre cette guerre qui leur est menée, ils finiront non seulement par faire payer à la direction cette injustice, mais ils se protégeront de toutes les attaques de la direction.

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