Universités : Vers une sélection des étudiants ?23/07/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/07/une2399.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Universités : Vers une sélection des étudiants ?

Vaut-il mieux tirer au sort les jeunes qui auront le droit de faire les études qu'ils souhaitent, ou bien éliminer ceux qui n'ont pas eu les meilleures notes ? C'est le faux dilemme provoqué par l'asphyxie financière des universités.

Théoriquement, l'obtention du baccalauréat donne le droit de poursuivre des études à l'université, dans la filière de son choix. En pratique, les universités limitent l'accès à un nombre croissant de formations, ainsi que le dénonce le syndicat étudiant Unef. Elles le font selon une politique élitiste délibérée, ou bien y sont poussées par les restrictions budgétaires, n'ayant plus les moyens d'accueillir tous les bacheliers dans certaines filières.

Parfois, les premiers arrivés sont les premiers servis, et les suivants n'ont plus qu'à chercher une autre formation. Dans d'autres cas, les étudiants autorisés à s'inscrire sont tirés au hasard, comme à la loterie, parmi ceux qui en ont fait la demande. La filière sport de l'université de Montpellier I a ainsi tiré au sort 650 étudiants sur les 4 500 demandes.

Depuis longtemps, à l'université et en dehors, une sélection par concours existe : en médecine, dans les écoles d'ingénieurs et de commerce. Certains voudraient généraliser cela. L'université de Toulouse I, par exemple, a limité à 90 places sa double licence droit-économie et a fait une sélection sur dossier parmi les 350 demandes. Mais ces sélections ne consistent pas à s'assurer que les jeunes ont les compétences pour poursuivre des études, et encore moins à permettre à tous d'acquérir ces compétences. Elles ne font que les mettre en concurrence pour un nombre de places limité d'avance, et aggravent encore des inégalités sociales que le système scolaire dans son ensemble contribue à reproduire.

Tout en limitant donc l'arrivée d'étudiants dans certaines filières, les universités font par ailleurs la chasse aux cours qui ne « rentabilisent » pas suffisamment les enseignants. À l'université Paris VI, les cours comptant moins de dix étudiants sont ainsi supprimés.

L'intérêt de la société serait de permettre à tous d'acquérir le maximum de connaissances. L'insuffisance de moyens conduit à dire à des jeunes qu'ils n'ont pas leur place pour apprendre. C'est un gâchis, l'un des aspects de la faillite de cette société capitaliste.

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