Banque de France - Clermont-Ferrand : Grève contre les menaces de privatisation23/07/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/07/une2399.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Banque de France - Clermont-Ferrand : Grève contre les menaces de privatisation

À l'appel de la CGT, la majorité du personnel, réparti sur deux sites de la Banque de France, à Chamalières et à Vic-le-Comte, s'est mise en grève le 10 juillet pour s'opposer au projet de filialisation, c'est-à-dire de privatisation.

À la papeterie de Vic-le-Comte, située à une vingtaine de kilomètres de Clermont-Ferrand, la mobilisation a été très forte. La presque totalité des 250 salariés est restée toute la journée à l'entrée du site, bloquant tout mouvement de camions. À l'imprimerie des billets, à Chamalières, dans la banlieue de Clermont-Ferrand, une bonne moitié des 800 salariés était aussi en grève le 10 juillet.

En effet, ce jour-là, un Comité central d'entreprise se tenait à Paris, dans lequel Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, a précisé le projet de réorganisation pour la fabrication des billets.

Actuellement, la papeterie de Vic traite les billets récupérés par l'imprimerie de Chamalières. Il s'agit des billets abîmés ou périmés qui sont retirés de la circulation et renvoyés de Chamalières à Vic-le-Comte par camions blindés. Arrivés à la papeterie, ces billets usagés sont nettoyés, retransformés par des bains chimiques en pâte à papier spéciale, puis en papier. Celui-ci est ramené à Chamalières, pour servir à l'impression des planches à billets.

Le projet de réorganisation fait craindre une fermeture au personnel de la papeterie de Vic. Pour tenter d'apaiser les inquiétudes, le gouverneur a affirmé que le site serait maintenu, mais avec des transformations technologiques et juridiques importantes. Une nouvelle machine ferait passer la capacité annuelle de production de papier, de 3 000 tonnes actuellement à 4 760 tonnes. Avec la construction d'un nouveau bâtiment pour l'abriter, l'investissement atteindrait 75 millions d'euros.

De plus, pour justifier le projet de filialisation, le gouverneur a expliqué qu'une partie des pays de l'Union européenne, comme l'Autriche et l'Italie, n'ont pas d'imprimerie ni de papeterie. Alors la Banque centrale européenne veut désormais répartir la fabrication de leurs billets par des appels d'offres à des entreprises aussi bien publiques que privées. C'est ce marché important que convoite le gouverneur de la Banque de France, qui voudrait que chaque pays assure 40 % de ses besoins en papier auprès de la papeterie de Vic. Et cela sert aussi de prétexte à la mise en place d'une filière papetière privatisée.

D'après la direction de la Banque de France, un tel projet aboutirait à la création d'une vingtaine d'emplois. Mais le personnel voit là une étape vers la privatisation des activités de la Banque et, en réalité, des suppressions d'emplois.

En outre, tout cela entraînerait un changement de statut pour une partie des travailleurs qui passeraient dans la convention collective du secteur papier-carton, avec des salaires diminués. Une partie du personnel est déjà sous statut privé avec moins d'avantages que ceux qui sont encore sous statut public. Alors que la Banque de France veut récupérer davantage de parts de marché et augmenter ses profits, les inquiétudes des salariés de la papeterie comme ceux de l'imprimerie sont plus que justifiées.

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