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- Lutte ouvrière n°2399
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Editorial
Gaza sous les bombes : Un massacre inacceptable
Depuis maintenant plus de deux semaines, le pilonnage de la bande de Gaza n'a connu de cesse, laissant chaque jour son lot de morts et de blessés, dont la quasi-totalité est constituée d'enfants, de femmes, de cette population civile, comme on dit, dont on peut difficilement prétendre qu'elle constitue une menace pour la population israélienne. Et tout laisse penser que ce n'est pas terminé.
Comment croire les laborieuses justifications des autorités israéliennes, qui prétendent que ce massacre serait nécessaire et qu'Israël serait en état de légitime défense, afin d'assurer la sécurité des habitants de ce pays ? Comment admettre que ces bombardements venus d'abord du ciel et de la mer, auxquels s'est désormais ajoutée l'intervention terrestre, puissent servir à détruire les tunnels que le Hamas aurait creusés pour envahir Israël ? Personne de bonne foi ne peut se laisser abuser par de telles fables.
Non, l'objectif réel du gouvernement israélien n'est pas d'assurer la sécurité de son pays et de ceux qui vivent sur son sol. Au contraire ! Cette politique est une politique terroriste, au plein sens du terme, puisqu'elle vise à terroriser les Palestiniens dans leur ensemble. Elle aura pour conséquence d'alimenter une colère qui fournira de nouveaux bataillons prêts à se venger. Au bout du compte, ceux qui compromettent, sans doute pour des décennies, la sécurité en Israël, ce sont les dirigeants d'Israël eux-mêmes.
Mais s'ils peuvent s'autoriser un tel acharnement meurtrier, c'est qu'ils savent qu'ils n'auront pas à se heurter à l'opposition des dirigeants des grandes puissances. Obama vient de réaffirmer qu'il comprenait que le gouvernement israélien se défende, mais qu'il lui demandait de « minimiser ses bombardements ». À combien de victimes quotidiennes ce représentant de l'impérialisme américain estime-t-il que les massacres seraient tolérables ?
Le gouvernement français est sur la même longueur d'onde. Il vient de le montrer une nouvelle fois, d'une façon dérisoire mais combien significative, en interdisant, à Paris puis à Sarcelles, des manifestations de protestation contre l'intervention israélienne à Gaza. Afin « d'éviter des désordres et de combattre l'antisémitisme », a-t-il osé affirmer avant même que ces manifestations aient eu lieu. On a pu mesurer les résultats d'une telle décision ! Puis, le lendemain, il s'est servi du même prétexte pour condamner ces manifestations, alors qu'il est le premier responsable des désordres qui se sont produits.
Personne, absolument personne, ne peut justifier l'antisémitisme, ni aucun racisme d'où qu'il vienne. Il faut s'opposer à tous ceux qui propagent et cultivent, que ce soit par inconscience ou par calcul, ces poisons démagogiques.
Mais quand Valls et ses compères du gouvernement s'érigent en vertueux représentants d'un tel combat, on est perplexe. Valls qui, quand il se proclamait ostensiblement le « premier flic de France », cultivait le racisme contre les Roms, n'est pas le mieux qualifié pour donner des leçons de morale dans ce domaine.
Est-il nécessaire de rappeler que ce qui fournit le principal aliment aujourd'hui à l'antisémitisme de par le monde, ce ne sont pas les manifestants qui proclament légitimement leur indignation devant les massacres de toute une population, mais les massacreurs eux-mêmes et leurs soutiens internationaux ? Comme Valls et Hollande.
Il y a sans doute, parmi les diverses raisons qui ont motivé ce gouvernement pour interdire de manifester, la dérisoire préoccupation de Valls de cultiver sa posture d'homme ferme et intraitable, histoire, du même coup, de faire les yeux doux à ce que l'on appelle l'électorat juif. Cela rend encore plus odieuse cette décision gouvernementale.
Quoi qu'il en soit, personne ne peut rester indifférent ou neutre devant ce qui se passe aujourd'hui au Moyen-Orient sous nos yeux, puisqu'on peut suivre quasiment en temps réel, à travers les images diffusées par les télévisions du monde entier, les bombardements et leurs sinistres effets.
Des massacres, il y en d'autres par le monde aujourd'hui, tout aussi insupportables et révoltants. Il faut les dénoncer et surtout dénoncer les dirigeants politiques qui en sont, directement ou indirectement, responsables.
Mais cela n'est pas une raison pour se taire et cesser de faire entendre les protestations contre le carnage perpétré de sang-froid par l'État israélien et son armée.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 21 juillet