Argentine : Dans les griffes des fonds vautours25/06/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/06/une2395.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : Dans les griffes des fonds vautours

La Cour suprême des États-Unis vient de condamner l'État argentin à rembourser d'ici la fin du mois de juin des fonds spéculatifs américains. Ceux-ci avaient acquis auprès de créanciers privés une partie du reliquat de la dette argentine, qui pourrait représenter de 6 à 15 milliards de dollars.

Après le krach de décembre 2001, les dirigeants argentins avaient continué à rembourser leur dette aux différents organismes internationaux, comme le FMI, qui leur avaient prêté de l'argent dans les années 1990. En mai dernier, la présidente argentine Cristina Kirchner avait accepté d'apurer la fin de cette dette d'ici 2019, pour un total de 9 milliards de dollars. En signant cet accord, elle espérait peser sur la décision de la Cour suprême dans un sens favorable. Sans succès.

En effet, vis-à-vis de ses créanciers privés, l'État argentin avait négocié et convaincu 92 % des détenteurs de créances de les abandonner, sur un ensemble représentant 90 milliards de dollars. Mais 8 % des créanciers exigeaient toujours le paiement.

Une partie de ces créances restantes ont été rachetées par des fonds spéculatifs, les « fonds vautours », ainsi surnommés parce qu'ils exercent leur activité d'usuriers contre des États en difficulté. Ainsi Elliot Investment Management et Aurelius Capital Management possèdent 1 % de ces titres, achetés à bas prix quand le pays était en faillite. Ils viennent d'en obtenir non seulement le remboursement mais aussi le paiement des intérêts.

En 2008, Elliott Investment avait payé 48 millions de dollars pour ces titres. Il exige maintenant 832 millions de dollars de l'État argentin, soit un profit de 1 600 % ! Comme l'avait déclaré l'an dernier le patron de ce fonds, Paul Singer, « notre but premier est de repérer des situations de banqueroute où notre capacité à contrôler et influencer le processus est la source de grands bénéfices ». C'est ce cynisme que la Cour suprême des États-Unis vient d'entériner. Et une telle décision ne peut qu'inviter d'autres créanciers à présenter des créances. Le montant du remboursement pourrait alors atteindre 15 milliards de dollars.

Voilà comment des vautours peuvent décider de saigner un pays, avec la bénédiction d'un tribunal et au nom du respect de la propriété.

La population argentine en paiera les conséquences, alors que depuis quelque temps elle subit à nouveau l'inflation et l'envolée des prix. Si l'État argentin obéit aux injonctions de la Cour suprême, comme l'a laissé entendre la présidente Cristina Kirchner, au final la population paiera la note par une nouvelle aggravation d'une situation économique déjà difficile.

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