Les intermittents toujours mobilisés25/06/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/06/une2395.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les intermittents toujours mobilisés

Le lundi 16 juin a marqué un temps fort de la mobilisation des intermittents du spectacle. La manifestation à Paris a rassemblé près de 10 000 personnes, rejointes par des cheminots mais aussi des postiers en grève.

De nombreux théâtres étaient en grève, et notamment la Comédie française. Malgré les pressions de certains directeurs, qui insistent sur le coût de la grève, celle-ci a été reconduite plusieurs jours par l'assemblée générale des grévistes. Pour beaucoup, c'était leur première grève, une grève qui touchait tous les métiers : artistes et techniciens, mais aussi éclairagistes, régisseurs, habilleuses, maquilleuses, coiffeurs, administratifs... Dans certains théâtres, les chefs d'équipe appelaient exprès des intermittents dont ils savaient qu'ils se déclareraient en grève ! Signe de la profondeur du mouvement, de nombreux intermittents du cinéma, de l'audiovisuel ou de la postproduction étaient présents aux manifestations, alors qu'ils sont moins précaires que d'autres métiers, et plutôt mieux payés.

À la Comédie française, ce sont les comédiens qui ont déclaré la grève, par solidarité avec le mouvement. Certains théâtres ont choisi de jouer, mais les intermittents y ont fait des prises de parole ou des diffusions de tracts pour informer le public des attaques dont ils sont la cible. Certains intermittents, enfin, se sont invités dans des assemblées de cheminots pour les inviter à des actions communes.

Jeudi 19 juin, la grève continuait dans de nombreux théâtres, et un cortège nombreux et dynamique a rejoint la manifestation des cheminots de Montparnasse à Invalides. Trouvant la manifestation syndicale un peu courte, certains intermittents et cheminots ont improvisé une deuxième manifestation, qui les a menés au pied de la tour Eiffel, la police sur les talons.

Le soir même, droit dans ses bottes, Valls confirmait que la réforme de l'Unedic serait bien agréée par le gouvernement. Devant la menace de grève pendant la saison des festivals, il a cependant annoncé quelques aménagements, et notamment la tenue d'une table ronde avec tous les partenaires sociaux et, pour la première fois, la coordination des intermittents et précaires, particulièrement active dans le mouvement. Il a annoncé aussi la prise en charge du fameux délai de carence par l'État. Ce délai de carence, rappelons-le, ferait perdre un à trois mois d'indemnisation aux intermittents. C'est donc l'État qui prendrait en charge des allocations auparavant payées par l'Unedic, c'est-à-dire en partie par les patrons via les cotisations sociales.

Beaucoup ne sont pas dupes de ce qui est en fait un énième cadeau au patronat, déguisé en « main tendue » aux intermittents. Ainsi, vendredi 20 juin, 200 manifestants ont envahi Radiall, l'entreprise de Pierre Gattaz à Aubervilliers, avec l'idée de retenir le président du Medef. Celui-ci leur ayant faussé compagnie, ils ont déménagé ses meubles à Matignon. « Il en aura besoin là-bas, puisqu'il dirige l'action économique du gouvernement ! », disaient avec humour - et lucidité - les manifestants, avant d'être expulsés par la police.

Le week-end des 21 et 22 juin, le mouvement a semblé marquer le pas, sous l'effet des déclarations de Valls, mais aussi du tassement de la grève des cheminots. Mais les intermittents restent mobilisés. L'objectif est le festival d'Avignon, le 4 juillet, et les festivals de l'été.

Surtout, l'idée fait son chemin parmi les plus déterminés qu'il va falloir approfondir le mouvement et l'élargir à l'ensemble des travailleurs, qui subissent les mêmes attaques qu'eux - comme en témoignent les discussions qu'ils ont pu avoir avec les cheminots et les postiers en grève. Et la lutte continue !

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