L'émir du Qatar à Paris : Les affaires sont sacrées25/06/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/06/une2395.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'émir du Qatar à Paris : Les affaires sont sacrées

Il y a un an Hollande partait au Qatar pour répondre à l'appel d'offre sur 72 avions lancé par l'émir, qui voulait remplacer ses vieux Mirage. Accompagné d'une brochette de patrons français, le président espérait bien emporter le morceau pour le Rafale de Dassault. Pas de chance, l'émir abdiquait sans prévenir 48 heures après.

Cette fois, c'est le rejeton de son père, dans cette monarchie héréditaire qu'est le Qatar, l'émir Tamin ben Hamad Al Thani, qui est arrivé jeudi 19 juin à Paris pour sa première visite à l'étranger.

Qu'importe qu'au Qatar aucun droit ou liberté élémentaires ne soient respectés, qu'importe que ce micro-État soit une terre d'asile pour des leaders islamistes de tout poil et qu'il finance les djihadistes de Syrie et d'Irak, qu'importe que des centaines de milliers de travailleurs venus d'Asie y soient traités comme des serfs et parqués dans des camps quand ils ne meurent pas sur les chantiers des futurs stades du Mondial de football de 2022. Quand un État est riche à milliards, détenteur des troisièmes réserves mondiales de gaz prouvées et susceptible de signer des contrats juteux, toutes les courbettes diplomatiques et les réceptions dispendieuses sous les ors de la République lui sont réservées.

Hollande a sans doute été un peu déçu de n'avoir toujours reçu aucun engagement d'achat pour les Rafale. Il pourra toujours se consoler avec les 2 milliards de contrats de Vinci et Alstom pour le tramway de Lusail, avec ceux de la conception de la ligne 1 du métro de Doha remportés par Systra, filiale de la SNCF et de la RATP, ou encore pour la création d'une joint-venture entre la Caisse des dépôts et Qatar Investments Authority, troisième fonds souverain au monde.

Comme l'ensemble de la classe politique, Hollande aime à prendre une posture solennelle pour évoquer les principes des droits de l'homme au cours de cérémonies officielles. Mais ces gens-là ne critiquent que les dictatures des pays avec lesquels ils ne font pas d'affaires, la Corée du Nord ou le Sri Lanka par exemple. Pour le reste, ils ont l'échine souple et pratiquent, au service du patronat, ce qu'ils aiment à présenter comme une « diplomatie décomplexée ».

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