Depuis près de deux ans, le gouvernement planche sur un projet de loi santé. Il ne s'agit rien moins que d'opérer « une transformation en profondeur de notre système de santé » et notamment « encourager la prévention, réduire les inégalités de santé et garantir l'accès aux soins ». Le 19 juin, la ministre Marisol Touraine a présenté les grandes orientations du projet de loi. Il y a loin de l'ambition à la réalité.

Côté prévention, les industriels de l'agroalimentaire, ceux de l'alcool et ceux du tabac ont dû batailler ferme et savoir se faire entendre puisque aucune disposition concrète n'a été annoncée. « De grandes entreprises m'ont fait des propositions » a déclaré la ministre. Et ils vont donc continuer à discuter des logos à apposer sur les emballages, de leurs couleurs et du nombre de ces couleurs pour informer le consommateur.

Quant aux mesures promises pour réduire les inégalités de santé, là encore il faudra se contenter des discours. Au lendemain de la présentation du projet, des journaux annonçaient à la Une : « Les Français ne paieront plus chez le médecin ». C'est la ministre qui l'avait dit, annonçant la généralisation du tiers-payant, c'est-à-dire le fait de ne plus avoir à faire l'avance du prix de la consultation.

Mais cette mesure ne s'appliquera pas avant... 2017 ! Voilà qui a dû rassurer tous ceux qui remettent leur visite chez le médecin parce qu'ils n'ont pas les 23 euros nécessaires. Dans trois ans, si le gouvernement ne revient pas une nouvelle fois sur ses promesses, ils pourront enfin avoir « accès aux soins ».