République dominicaine : Racisme et xénophobie contre les travailleurs d'origine haïtienne11/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2367.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

République dominicaine : Racisme et xénophobie contre les travailleurs d'origine haïtienne

Dans le numéro de leur journal La voix des travailleurs paru le 23 novembre, nos camarades de l'Organisation des Travailleurs Révolutionnaires d'Haïti (OTR-UCI) consacrent un article à la décision du Tribunal constitutionnel de Saint-Domingue de priver plusieurs dizaines de milliers de Dominicains de leur nationalité parce que nés de parents haïtiens. Nous en publions les extraits suivants.

La Cour constitutionnelle de Saint-Domingue, la plus haute instance juridique du pays, a décidé par un jugement rendu le 26 septembre 2013 de déchoir de la nationalité dominicaine environ 250 000 Dominicains d'origine haïtienne sous prétexte que leurs parents étaient des illégaux. « Les enfants nés dans le pays de parents étrangers en transit n'ont pas la nationalité dominicaine », peut-on lire dans la note de la Cour constitutionnelle.

Jusqu'en 2010, la République Dominicaine a théoriquement reconnu le droit du sol. Tous les enfants nés là-bas avaient ipso facto la nationalité dominicaine. Mais sous la houlette de l'ancien président Fernandez, la Constitution a été amendée en 2010. Les secteurs les plus réactionnaires et racistes de Saint-Domingue en ont profité pour régler leur compte aux Dominicains d'origine haïtienne, en annulant le droit du sol. La Cour constitutionnelle a enfoncé le clou en appliquant cette nouvelle disposition de la Constitution de manière rétroactive à partir de 1929, date des premiers grands exodes des travailleurs haïtiens vers la République Dominicaine.

En Haïti, le gouvernement Martelly a mollement réagi. Certains grands patrons haïtiens sont montés au créneau pour dénoncer le jugement de la Cour constitutionnelle de Saint-Domingue. Mais ceux qui ont donné le plus de la voix contre cette décision sont les leaders de l'opposition à Martelly et quelques organisations petites bourgeoises dites de la société civile qui ont organisé plusieurs sit-in devant les locaux de l'ambassadeur dominicain en Haïti en guise de protestation.

Tout ce beau monde tente de se refaire une santé politique. Les jérémiades des uns, les larmes de crocodiles des autres sur le jugement de la Cour constitutionnelle de Saint-Domingue sont pour faire oublier leur responsabilité dans le désespoir des millions de travailleurs haïtiens qui sont prêts à sauter sur la première occasion pour fuir le pays.

Après l'indépendance du pays en 1804, toutes les richesses ont été accaparées par une minorité d'exploiteurs, laissant la grande majorité de la population dans la crasse et la misère. La politique de toute la classe politique, tantôt au pouvoir, tantôt dans l'opposition, n'a fait que renforcer cet état de chose jusqu'à aujourd'hui.

Certes la République Domi­nicaine n'a rien d'un pays riche sauf que son économie est un cran au-dessus de celle d'Haïti, et cela a l'effet d'un bol d'air qui attire les travailleurs et les pauvres haïtiens qui tentent par tous les moyens de gagner le territoire dominicain.

À l'image de ce qui se passe en Europe, en France notamment avec des partis d'extrême droite comme le Front national de Marine le Pen, aux USA avec l'aile la plus réactionnaire du Parti républicain, des partis xénophobes et racistes dominicains pointent cette immigration haïtienne aux yeux de leur population comme la responsable des maux dont souffre leur pays. En flattant les bas instincts des masses pauvres de leur population, ces populistes espèrent tirer profit de cette politique en se faisant élire maires, députés, etc.

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