Ardoisières de Trélazé (Maine-et-Loire) : Sous le prétexte mensonger du manque d'ardoise, fermeture annoncée11/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2367.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ardoisières de Trélazé (Maine-et-Loire) : Sous le prétexte mensonger du manque d'ardoise, fermeture annoncée

Le 25 novembre, la direction des Ardoisières d'Angers annonçait la fermeture de l'entreprise et le licenciement de 157 travailleurs. Cela dans une société appartenant au groupe Imerys, spécialisé dans l'exploitation des minéraux industriels et qui cette année a annoncé plus de 300 millions d'euros de bénéfices, dont 117 millions ont été redistribués en dividendes aux actionnaires.

Le site ardoisier est situé dans l'agglomération d'Angers, à Trélazé, une ville de 12 000 habitants. L'extraction de l'ardoise à Trélazé remonte au Moyen âge. Dans la première moitié du 19e siècle, cette extraction est devenue industrielle. À la fin des années 1960, près de 3 000 salariés travaillaient aux ardoisières. Puis les sociétés des ardoisières ont cherché à exploiter des gisements moins coûteux, en particulier en Espagne, plus précisément en Galice. Là l'ardoise se trouve en surface, alors qu'en Anjou il faut descendre à 400 mètres de profondeur.

En 1983, une première vague de licenciements a touché les ardoisières, puis d'autres en 1986 et en 1993. À chaque fois, la direction prétend qu'il n'y a plus assez d'ardoise en Anjou. Aujourd'hui, pour justifier la fermeture totale elle affirme même qu'il n'y en a plus du tout.

Comme l'ont démontré les syndicats des ardoisières, c'est un mensonge pur et simple. À nombre constant de salariés, il reste suffisamment d'ardoise pour plusieurs dizaines d'années d'exploitation. Il y a d'ailleurs une forte demande pour l'ardoise de Trélazé, en particulier sur les chantiers des monuments historiques.

Jusqu'en 1986, il y avait deux sociétés concurrentes sur le site ardoisier, les Ardoisières d'Angers et les Ardoisières de l'Anjou. Cette concurrence s'est soldée par la fermeture des Ardoisières de l'Anjou et le licenciement de près de 200 mineurs. La production sur le site exploité par cette entreprise a alors été stoppée. Or ce site de Grand'Maison n'était pas du tout épuisé quand la société qui l'exploitait a fermé. Il y reste de quoi extraire de l'ardoise pendant de nombreuses années.

Cette fiction de l'épuisement du site ardoisier cache une réalité beaucoup plus sordide. Imerys prétend en effet perdre 15 millions d'euros par an dans l'extraction de l'ardoise à Trélazé. Mais, surtout, l'exploitation ardoisière nécessite des investissements constants qui ne rapportent pas autant ni aussi vite que les actionnaires le voudraient. Ils préfèrent, et de loin, consacrer les sommes nécessaires à ces investissements à la spéculation dans laquelle le groupe, comme bien d'autres, s'est spécialisé.

Les travailleurs des ardoisières ne croient pas un seul mot de ce que leur raconte la direction d'Imerys. Non seulement ils savent qu'il reste de l'ardoise, mais ils ont aussi de sérieux doutes sur le prétendu déficit annuel de 15 millions annoncé par la direction. D'ailleurs, quand bien même il s'avèrerait qu'il n'y a plus de gisement exploitable, la Société des Ardoisières d'Angers pourrait prendre sur les énormes profits qu'elle a engrangés au fil des ans pour garantir le revenu des travailleurs.

Ceux-ci, avec raison, ont décidé de se battre pour sauver leurs emplois. Ce n'est évidemment pas sur les pouvoirs publics et le gouvernement qu'ils peuvent compter pour leur venir en aide. Ce dernier leur donnera de bonnes paroles, comme il le fait depuis mai 2012 pour les travailleurs victimes de licenciements et rien de plus. Alors les travailleurs demandent à l'ensemble de la population de l'agglomération de les soutenir dans leur lutte contre la fermeture des Ardoisières.

Partager