Ukraine, svoboda : Une extrême droite raciste et antiouvrière11/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2367.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine, svoboda : Une extrême droite raciste et antiouvrière

Parmi les courants en vue de l'opposition ukrainienne, Svoboda (« Liberté ») est un parti qui, jusqu'en 2004, s'appelait Parti national-socialiste d'Ukraine, avant de troquer ce nom pour celui plus neutre d'Union panukrainienne Liberté, mais sans rien renier de ses orientations d'extrême droite.

Sur fond d'appauvrissement de la population et de discrédit des partis au pouvoir, Svoboda a obtenu 10 % des suffrages (plus de deux millions de voix) et 38 députés aux législatives d'il y a un an. Ce parti se réclame de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et de sa branche armée OuPA qui, durant la Seconde guerre mondiale, participèrent à l'extermination des Juifs et des Polonais en Ukraine, ainsi qu'à la chasse aux communistes. Ils s'y employèrent, d'abord en supplétifs de l'armée allemande, puis en s'opposant à elle. Enfin, en 1944, ils retournèrent toutes leurs forces – jusqu'à 150 000 combattants – contre l'armée et le régime soviétiques, jusqu'au début des années 1950.

Sur la place centrale de la « révolution orange » de 2003 à Kiev, rebaptisée EuroMaïdan ces jours-ci, les drapeaux de l'OUN-OuPa flottent nombreux et très visibles depuis fin novembre. Les gouvernements d'Europe de l'Ouest ont préféré ne pas les voir. Les « jeunes manifestants pro-européens » décrits par certains commentateurs sont en fait des activistes armés et masqués de Svoboda qui ont abattu une statue de Lénine à Kiev aux cris de « À bas la vermine communiste ». Ce sont les mêmes qui « fêtent » chaque année la formation, en 1943, de la division des Waffen SS ukrainiens. Ces activistes d'extrême droite s'en prennent verbalement, et à l'occasion physiquement, à tous ceux qui – parce que juifs, russes, homosexuels, tziganes ou militants de gauche – ne sont pas assez ukrainiens à leurs yeux.

Ainsi, le 4 décembre à Kiev, en marge des manifestations, ils ont agressé des militants syndicalistes, blessant trois d'entre eux. Dans l'ouest de l'Ukraine, où ils sont les plus forts, ils n'hésitent pas à rosser ceux qui s'expriment en russe dans la rue. Dans d'autres régions, majoritairement russophones, on les voit aussi s'adresser aux éléments déclassés de la société, voire aux travailleurs menacés de licenciements – et sur ce terrain, ils sont malheureusement bien souvent les seuls – , en faisant mine de soutenir leur lutte pour leurs emplois, en ajoutant même qu'une industrie ukrainienne puissante est nécessaire... pour « quand il y aura la guerre avec la Russie ».

Si toute une partie des manifestants n'approuvent pas Svoboda, cela ne les a pas empêchés jusqu'à maintenant d'accepter de les côtoyer dans le centre de Kiev. Mais la présence de ces émules du fascisme a fini par en repousser d'autres qui participaient au mouvement par dégoût, plus que justifié, du régime Ianoukovitch, et de celui de Poutine qu'ils craignent pour leur pays, même s'ils se font bien des illusions sur les changements qu'un rapprochement avec l'Union européenne pourrait apporter à l'Ukraine.

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