Hôpital de Calais : Embauche, un mot interdit11/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2367.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital de Calais : Embauche, un mot interdit

L'hôpital de Calais, ouvert il y a un peu plus d'un an, a reçu début décembre une visite pour faire l'état des lieux en vue de son accréditation en 2015.

Mais comment, sans effectif suffisant, respecter rigoureusement les protocoles d'hygiène et de soins, comment réduire au maximum les risques d'erreurs médicamenteuses ? Comment l'hôpital pourrait-il être fonctionnel quand la polyvalence devient la règle, quand les postes de ceux qui partent ne sont pas pourvus, quand se multiplient les contractuels jouant les bouche-trous, et jetables comme des kleenex ? « Méthodologie, secret professionnel, gestion... », la direction n'a que ces mots à la bouche, mais « embauche de personnel », elle ne connaît pas. Tous les problèmes seraient résolus grâce à la « réorganisation », mot hypocrite qui masque souvent l'intensification du travail.

On voit à quelle absurdité a abouti la « mutualisation des moyens » tant vantée en blanchisserie. Aujourd'hui, celle de Calais centralise le traitement du linge sale de deux autres hôpitaux, Dunkerque et Saint-Omer. Or le rythme du nettoyage ne suit pas. Résultat : le linge propre n'arrive pas en temps utile dans les services, qui se retrouvent en panne de draps, de couvertures, de lavettes... Le personnel, qui y travaille dur, n'y est pour rien. On doute que l'équipe d'accréditation en déduira la nécessité d'embaucher en blanchisserie.

Le rêve de la direction serait-il de faire tourner l'établissement sans personnel ? Pour l'entretien des espaces verts, elle a confié la tonte des herbes à un troupeau de moutons : eux au moins ne demandent pas de salaire !

Le manque d'effectifs rend l'hôpital inhumain. Le personnel, qui doit subir des discours et des réunions sur la « qualité », souffre de ne pas pouvoir accomplir correctement sa tâche, conscient que les patients en pâtissent, en particulier dans les services les plus démunis comme la gériatrie. Et puis se retrouver à deux là où il faudrait être quatre ou cinq, cela entraîne le stress, l'épuisement et les maladies, ce qui aggrave la pénurie.

Le ministère de la Santé, ou plutôt de l'austérité dans la Santé, a eu un serviteur aux ordres en la personne de l'ancien directeur. Gageons que le nouveau qui vient de prendre ses fonctions a bien l'intention lui aussi de continuer dans le même sens... à moins que le personnel ne l'oblige à en changer.

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