Levée d'immunité parlementaire : Dassault, une pauvre victime11/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2367.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Levée d'immunité parlementaire : Dassault, une pauvre victime

Généreux, plutôt naïf, innocent comme l'agneau nouveau-né et franc... comme l'or. C'est l'autoportrait qu'a tenté de se tracer Serge Dassault, le sénateur UMP de l'Essonne, dans le Journal du Dimanche du 8 décembre.

Le milliardaire, propriétaire du Figaro et cinquième fortune du pays, y répondait indirectement à la demande de levée de son immunité parlementaire, émise par les juges qui enquêtent sur les achats présumés de votes aux élections municipales de la ville dont il avait précédemment été maire, Corbeil-Essonnes.

L'affaire du système de dons d'argent mis en place autour de Dassault et de son successeur UMP à la mairie avait rebondi il y a quelques semaines lorsqu'un personnage connu comme son homme de main à Corbeil, Younès Bounouara, déjà condamné en 2009 pour avoir menacé de mort l'opposant Front de gauche à Dassault, avait été interpellé à l'aéroport de Roissy. Dans une conversation enregistrée discrètement et mise en ligne sur le site de Mediapart, Dassault reconnaissait avoir donné « l'argent » à Bounouara. Une somme de 1,7 million d'euros lui aurait été versée.

En 2009, le conseil d'État a annulé l'élection de Dassault pour cause de « dons d'argent » non enregistrés dans les comptes de campagne. Mais il ne faudrait pas croire qu'il a « le billet facile » ! Il lui « est arrivé de donner de l'argent ». Il a « acheté un camion à l'un, une pizzeria à un autre, des choses comme cela ». Ses rapports avec Bounouara, pourquoi y voir du mal ? Il avait « trouvé Younès sympathique. Il était franc. Il avait la langue facile et la fibre sociale ! Cela [lui] a plu. Il a été pour [lui] une aide locale. » Pour le récompenser, Dassault a donc aidé Bounouara à son tour, c'est normal n'est-ce pas ? « J'ai versé 400 000 euros pour lui, résume le milliardaire, et il m'a demandé aussi de faire des chèques pour ses associés. Cet argent, 2 millions d'euros au total, a servi pour des investissements en Algérie... ». Et si l'argent venait du Liban, c'est que tout le monde n'a pas son compte à La Poste de Corbeil !

Un autre voyou aurait harcelé Dassault jour et nuit pour avoir lui aussi son petit cadeau : il a bien dû céder, lui verser 1,2 million d'euros, toujours au Liban, pour qu'il lui « fiche la paix et laisse [sa] famille tranquille ». Le calme n'a-t-il pas son prix ? Et il y a bien eu aussi, en dehors des périodes électorales, des « petites aides » pour aider les jeunes à s'en sortir...

Après tout cela, ceux qui prétendraient que les manipulations financières du capitaliste Dassault entretiendraient dans la ville un climat délétère ne seraient que des calomniateurs, bien mal intentionnés à l'égard d'un homme aussi fondamentalement généreux.

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