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- Lutte ouvrière n°2367
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Dans les entreprises
Délifrance, Landevant (Morbihan) : Les ouvriers refusent d'être roulés dans la farine
Les rumeurs étaient déjà bien pesantes cet été, la direction ne ménageait pas sa peine pour communiquer tout azimut sur les difficultés de l'entreprise et ses risques de perte du marché anglais. Tout cela pour annoncer fin novembre que, sur un effectif de 322 personnes que compte encore l'usine, il y aurait 43 suppressions d'emplois. Le prétendu « Plan pour la sauvegarde de l'emploi » concerne 46 personnes pour le groupe Délifrance, 43 à Landevant et trois à Ivry-sur-Seine.
Sentant la colère monter et dans un climat marqué par les manifestations de Quimper, la direction locale s'est lancée dans des négociations censées faire passer les attaques.
Chacun est choqué de voir un groupe aussi riche aggraver l'hécatombe du chômage, dans un secteur et une région déjà aussi touchés. Certains salariés espéraient au moins pouvoir obtenir 20 000 euros de prime pour les embauchés de moins de cinq ans, et 40 000 pour les plus anciens. Mais la direction nationale, elle, n'était prête à s'engager... sur rien. Du coup, les représentants syndicaux (CFDT) ont claqué la porte des négociations le vendredi 29 novembre et appelé à la grève.
Depuis le 1er décembre, la grève est donc massive et touche plus de 90 % du personnel. Un travailleur de nuit raconte n'avoir jamais vu un tel mouvement où, de la chaîne à l'équipe de nettoyage de nuit, des petits chefs aux bureaux, tout le monde est entré dans le mouvement et se relaie pour occuper une partie des locaux. Blocage de la RN 165, délégation à la préfecture de Vannes, les grévistes tentent de faire entendre leur colère.
La direction nationale a attendu le vendredi 6 décembre, voyant que la grève ne faiblissait pas, pour faire mine de rouvrir les négociations. Mais les travailleurs n'ont pas cédé à son chantage qui leur enjoignait de reprendre le travail avant toute véritable discussion.
Des représentants de la CGT et du PCF sont venus apporter leur soutien aux grévistes qui poursuivaient leur mobilisation, et si les bureaux ont repris le travail, c'est à plus de 82 % que la grève a été reconduite en début de semaine. Sur les chaînes et dans l'équipe de nuit, le moral des grévistes qui occupent l'entreprise est là, et beaucoup disent : « Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas eu autant de plaisir à me lever pour aller à l'usine. »