Espagne - Grève des salariés du nettoiement à Madrid : Empêcher les licenciements, c'est possible20/11/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2364.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne - Grève des salariés du nettoiement à Madrid : Empêcher les licenciements, c'est possible

Les travailleurs du nettoiement des rues et des jardins de Madrid viennent de montrer qu'il était possible, par une lutte déterminée, de mettre en échec les plans de suppressions d'emplois qui devaient entrer en vigueur à partir de la mi-novembre. Et cela a été ressenti très largement parmi les travailleurs du pays comme un succès.

Le conflit concernait les travailleurs des grandes sociétés concessionnaires, chargées par la mairie de Madrid de réduire le coût salarial dans ce service vital, et qui l'est encore plus pour une ville de plus de 3 millions d'habitants. Il était projeté de licencier dans l'immédiat 1 134 travailleurs et d'imposer une baisse des salaires de 40 % à ceux qui resteraient en place, dans ce secteur où la plupart ne gagnent que 700 à 1 000 euros par mois.

Pendant treize jours, à l'appel de l'ensemble des syndicats, la grève a été totale. Elle était dirigée contre le patronat du secteur, mais aussi contre la politique de la municipalité. Ana Botella, cette politicienne de droite maire de la ville, s'illustre depuis des mois par une politique de restriction des budgets publics, dont les salariés des secteurs tels que la santé, l'enseignement, les transports, ainsi que les usagers des classes populaires sont les premières victimes.

Invoquant le fait que les employés du nettoiement faisaient une grève sauvage et ne se pliaient pas aux règles du service minimum, Ana Botella menaçait de faire appel pour nettoyer les rues aux services d'une entreprise publique, la Tragsa, qui dépend du ministère de l'Agriculture, et d'imposer à l'expiration du délai fixé au 17 novembre les suppressions d'emplois prévues ainsi que les baisses de salaire.

Mais la grève a continué et, parmi les grévistes, la tension a monté. Le recours, samedi matin 16 novembre, aux services de la compagnie Tragsa payée pour briser la grève suscitait de vives réactions.

Les négociations entre les représentants des entreprises concessionnaires, les autorités municipales et les syndicats ont continué et, le dimanche 17 novembre, les directions des entreprises de nettoyage reculaient, annonçant qu'elles s'engageaient à ne procéder à aucun licenciement. En contrepartie, les employés devaient accepter le principe de jours de chômage provisoire non rémunérés.

Les syndicats mirent leur poids dans la balance pour mettre en place ce compromis et le faire avaliser par les grévistes, qu'ils réunirent par grands secteurs pour les consulter.

L'annonce de l'annulation des plans de licenciements a été ressentie comme une victoire. Beaucoup ne croyaient pas cela possible. Mais, par contre, beaucoup de grévistes ont sur le coeur les baisses de salaire et reprennent le travail en ayant conscience qu'à court terme ils devront se battre pour contrer les attaques de leur direction et des pouvoirs publics. Mais il reste, et cela compte, l'expérience acquise dans cette lutte où les travailleurs ont imposé une marche arrière à leurs patrons et aux autorités locales. Dans un pays où le taux de chômage dépasse les 25 %, faire annuler des plans de licenciements est aujourd'hui un objectif décisif.

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