Arabie saoudite : Chasse aux immigrés dans une dictature amie des grandes puissances20/11/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2364.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Arabie saoudite : Chasse aux immigrés dans une dictature amie des grandes puissances

Dans le cadre d'une vaste opération de répression contre l'immigration clandestine, la police et les autorités saoudiennes se livrent depuis le 4 novembre à une vaste chasse à l'homme, visant les étrangers présents sur le territoire, soit plus de 8 millions de personnes, dont 2 millions seraient considérées en situation irrégulière.

Ces étrangers, essentiellement des Africains d'Éthiopie, du Mali, de Guinée ou d'Érythrée, même ceux qui ont des papiers en règle, constituent une fraction très importante de la classe ouvrière d'Arabie saoudite, pays qui compte 27 millions d'habitants au total. Mais ils sont dépourvus de droits, tout en constituant une importante source de revenus pour les classes possédantes.

Le journal Le Pouvoir aux travailleurs, de nos camarades de l'Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes, décrivait leur situation :

« Des kafils (garants, parrains), souvent des hommes d'affaires qui font venir des étrangers placés sous leur houlette, ont pu bâtir des fortunes sur le dos de ces derniers. Lorsque ces étrangers sont des commerçants, ces parrains se contentent de prélever une certaine somme sur le chiffre d'affaires. Lorsqu'il s'agit de travailleurs, ce système de parrainage s'apparente presque à de l'esclavage. Les travailleurs privés de droits sont à la merci du kafil en étant soit exploités dans son entreprise, soit cédés à d'autres exploiteurs après prélèvement de prébendes au passage.

Il paraît que l'autorité royale veut supprimer le droit des kafils à louer la main-d'oeuvre à des tiers. Or, pour le moment, ce ne sont pas ces gens-là qui sont arrêtés. Un ultimatum royal a expiré, intimant... de quitter le territoire au plus tard le 3 novembre. » Ils sont menacés de deux ans de prison et d'amendes pouvant atteindre 27 000 dollars.

Dès le lendemain, la police a procédé à une véritable chasse à l'homme. Par exemple, samedi 9 novembre, elle a quadrillé le quartier pauvre de Manfouha, dans le sud de la capitale Riyad, où vivent de nombreux travailleurs immigrés avec leur famille. Des centaines de policiers et de membres des unités spéciales ont procédé à des arrestations. Des émeutes ont éclaté. Il y a aurait eu, selon les sources gouvernementales, trois morts, des dizaines de blessés et 561 personnes arrêtées parmi les « instigateurs de troubles ».

Suite à ces violences policières, beaucoup de clandestins n'essaient plus de se cacher et sont obligés de se rendre aux autorités. Abandonnant la plupart de leurs biens, ils montent dans des autocars par milliers pour être conduits dans des centres de déportation. Le journal Jeune Afrique écrivait que, dès le 12 novembre, 33 000 immigrés avaient été interpellés et 17 000 se trouvaient dans ces centres dans l'attente d'être expulsés.

Les grandes puissances, comme les USA ou les pays européens, restent complaisamment muets sur ces actes, pour ne pas froisser la susceptibilité des dirigeants moyenâgeux de l'Arabie saoudite. Elles viennent même de renouveler leur confiance dans ce régime : mardi 12 novembre, l'Arabie saoudite a été élue par l'Assemblée générale de l'ONU membre du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Une sinistre farce.

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