Île de La Réunion : La visite de Sapin n'annonce pas Noël pour les travailleurs20/11/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2364.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Île de La Réunion : La visite de Sapin n'annonce pas Noël pour les travailleurs

Est-ce l'été austral qui attire les représentants du gouvernement ? Toujours est-il qu'après Chérèque, envoyé par le gouvernement et dont le discours sur le traitement de la pauvreté a déjà été oublié, c'était au tour de Michel Sapin de venir à La Réunion les 14 et 15 novembre.

À la demande du maire PS de Saint-Denis que soient mis à la disposition du département 40 000 emplois aidés de plus, Sapin a répondu avec un dédain certain : utilisez d'abord ce qui existe déjà, reprochant explicitement aux collectivités territoriales de n'avoir utilisé que 2 300 contrats d'avenir alors qu'elles en avaient 5 000 à leur disposition.

Bon prince, Sapin a quand même promis 5 000 emplois aidés supplémentaires, financés à 90 voire 95 % par l'État pour les personnes les plus éloignées de l'emploi, comme les seniors ou les handicapés.

Mais si les collectivités, locales en particulier, n'utilisent pas tous les dispositifs qu'elles pourraient mettre en oeuvre, c'est qu'elles sont dans une situation financière difficile. Certaines communes dépensent déjà jusqu'à 75 % de leur budget de fonctionnement pour payer les salaires. Une ville comme Saint-Louis par exemple est à la limite de l'asphyxie et pourrait passer sous la tutelle de l'État ; un État qui s'est déchargé de bon nombre de ses attributions financières sur les collectivités, aggravant par là même leur situation.

Quant aux patrons du secteur privé, ils débauchent plus qu'ils n'embauchent, sans que cela heurte le gouvernement. Aucune mesure coercitive ne sera prise à leur encontre. Au contraire, Sapin a tenu à les rassurer en leur rappelant que, sur les 20 milliards d'euros que son gouvernement a offerts au patronat dans le cadre du crédit d'impôt compétitivité « pour abaisser le coût du travail », un milliard profiterait aux patrons des DOM. Un nouveau cadeau que le patronat empochera sans état d'âme et... sans embauches supplémentaires !

Questionné par les syndicats sur la non-application de la plupart des conventions collectives à La Réunion, le ministre a promis d'y réfléchir, tout en précisant qu'il faudrait, avant toute décision, « prendre en compte les spécificités territoriales ». C'est toujours au nom de ces spécificités que l'application des lois sociales françaises a été différée à La Réunion. Les travailleurs n'ont pu en bénéficier que lorsqu'ils se sont fait craindre du patronat et de l'État.

Le message est clair pour les travailleurs et chômeurs de La Réunion : ils n'ont rien à attendre des ministres de passage, pas plus que des politiciens locaux d'ailleurs, pour enrayer la dégradation constante de leur emploi et de leur pouvoir d'achat. Ils ne pourront compter que sur leurs luttes.

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