PSA Aulnay-sous-Bois : Plus ouvertement que jamais, le gouvernement complice du patron14/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2328.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA Aulnay-sous-Bois : Plus ouvertement que jamais, le gouvernement complice du patron

La grève se poursuit toujours à l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois. Elle est entrée le 13 mars dans sa neuvième semaine. La direction a perdu plus de 20 000 voitures du fait de la paralysie totale de la production, mais la famille Peugeot continue à jouer la montre. Elle sait qu'en cédant devant les grévistes, elle encouragerait la combativité ouvrière qu'elle craint par-dessus tout.

Le gouvernement se montre de plus en plus l'allié invétéré du patron. Mercredi 6 mars, les grévistes sont allés interpeller M. Sapin, ministre du Travail, pour réclamer le médiateur non seulement promis par Hollande mais qui correspond à un droit élémentaire dans le code du travail.

Le directeur de cabinet du ministre a clairement expliqué à la délégation reçue qu'il n'en était pas question. Il se dit satisfait des négociations, de la position des syndicats et ne veut en aucun cas déranger la direction de PSA.

Ce n'est pas que le médiateur aurait apporté une solution aux revendications des travailleurs en grève. Mais sa nomination aurait obligé PSA à faire la démonstration publique de son refus de négocier. Cette décision du ministère a marqué les esprits des grévistes, qui ont pu juger sur pièces de la profondeur de la complicité de ce gouvernement avec PSA.

Certains ont rebaptisé le ministère du Travail, « ministère Peugeot ».

Les grévistes s'invitent dans le saint des saints

Pour rappeler à l'autre camp que la grève reste bien vivante, vendredi 8 mars, les travailleurs en lutte ont investi par surprise le siège de l'UIMM, le syndicat patronal de la métallurgie dont le président est Saint-Geours, l'homme de confiance de la famille Peugeot. Les grévistes ont apprécié le luxe des bureaux, de l'épaisseur de la moquette aux WC dessinés par un designer de renom. Et c'est dans la salle qui abrite d'habitude les réunions au cours desquelles les patrons décident des licenciements et des sacrifices qu'ils veulent imposer, que les grévistes ont fait leur assemblée générale.

Même quand les gendarmes mobiles sont venus les déloger, c'est fièrement, en manifestation, qu'ils ont quitté les lieux. Et ils pouvaient être satisfaits d'avoir une nouvelle fois déjoué la police et les RG qui les suivent en permanence.

Aucune sanction n'arrive à briser la grève

La grève se poursuit donc, car les travailleurs ne veulent pas non plus abandonner ceux qui ont été encore plus directement attaqués. Deux d'entre eux ont contesté leur licenciement en attaquant PSA aux Prud'hommes vendredi 8 mars.

En début de semaine, la direction convoquait trois nouveaux militants en vue de les licencier. À l'un d'entre eux il est reproché une « agression sonore », à cause du tambour dont il jouait à l'usine. Un autre est licencié pour jet d'oeufs. Bref, la direction s'acharne contre les militants de la grève avec des prétextes de plus en plus dérisoires. Nouvelle preuve que les travailleurs se battent dignement.

La lutte, école de la classe ouvrière

Depuis plus de huit semaines, les travailleurs en grève font une démonstration d'organisation et de détermination qui non seulement les renforce, mais renforce aussi tous les travailleurs. En montrant qu'ils peuvent prendre leur sort en main, décider de leur lutte, et tout simplement ne pas accepter les chantages patronaux, ils continuent à montrer la voie à suivre. Dans cette voie, la conscience est indispensable, et celle-ci a grandi au cours de ces semaines : conscience des vrais adversaires et des faux amis ; conscience des soutiens sur lesquels ils peuvent vraiment compter (ces dizaines de milliers de travailleurs qui continuent à alimenter la caisse de grève) et de ceux qui s'avèrent volatils.

Ne serait-ce que pour tout ce qui a été appris, la grève a déjà rapporté énormément. Mais surtout, elle continue à montrer que les travailleurs peuvent refuser de se laisser jeter dehors sans rien. Ils peuvent se faire respecter, gagner le soutien d'une fraction importante du monde du travail et gêner patrons et gouvernement dans leur préparation des attaques contre l'ensemble de celui-ci.

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