Airbus (groupe EADS) - Toulouse : Ça plane pour les actionnaires14/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2328.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Airbus (groupe EADS) - Toulouse : Ça plane pour les actionnaires

Le 27 février, EADS a présenté les résultats 2012. Le chiffre d'affaires à 56,5 milliards d'euros est en progression de 15 %. Le carnet de commandes se monte à 566,5 milliards d'euros. La trésorerie immédiatement disponible atteint 12,3 milliards d'euros. Le bénéfice de 1,228 milliard d'euros est en progression de 19 %. Des résultats jamais vus « salués par les marchés » : l'action a grimpé, le jour même, de 6,5 %, à 37,14 euros, à la Bourse de Paris !

Le conseil d'administration va donc proposer à l'assemblée générale des actionnaires le versement d'un dividende de 0,60 euro par action, soit + 33 % par rapport à l'an dernier. Les actionnaires vont donc se partager près d'un demi-milliard d'euros. Ils vont se mettre dans les poches, sans avoir rien fait, 40 % des bénéfices créés par le travail de l'ensemble des salariés.

Pour ce qui concerne Airbus, filiale à 100 % d'EADS, le chiffre d'affaires de 38,6 milliards d'euros a progressé de 17 %. Le carnet de commandes s'élève à 88,1 milliards d'euros et représente plus de huit années de travail. Pour faire face à la montée en charge, une nouvelle fois, Airbus annonce une vague d'embauches. Selon la presse, pas moins de 1 500 postes seraient ouverts pour 2013 à Toulouse. En CDI ? Rien n'est moins sûr. Ce qui est sûr, c'est que les intérimaires, les CDD, les apprentis, eux, sont de plus en plus nombreux.

Et puis, derrière ces chiffres mirobolants, la réalité est tout autre. En 2011, selon la direction elle-même, le nombre d'embauches a été de 929, mais il y a eu 577 départs et, finalement, le nombre de postes créés en CDI a été de 352 seulement. Par contre les heures supplémentaires explosent, la chasse aux temps morts est une préoccupation permanente des chefs.

L'an dernier, la direction a instauré de nouvelles modalités en cas de congé pour maladie. Au bout de trois arrêts ou après un arrêt long, la maîtrise et les ressources humaines organisent un entretien. Ils demandent comment ça va, puis expliquent ce qui s'est passé sur le poste pendant l'absence. Le but est de faire croire que les absences sont la cause de désorganisation, d'erreurs, d'heures supplémentaires pour les autres, bref de culpabiliser le salarié afin qu'il continue à travailler même s'il a la grippe ou mal au dos, etc.

Airbus a de plus décidé de réorganiser ses usines, le « produire plus » devenant l'objectif prépondérant. Le maître mot est l'optimisation de la production afin de livrer toujours plus d'avions en moins de temps, pour augmenter la « profitabilité », comme disent les dirigeants. Ils ont pour objectif d'atteindre 10 % de rentabilité en 2015, contre un taux de 4,5 % aujourd'hui à Airbus.

Le PDG Tom Enders a aussi déclaré crûment : « EADS a enregistré un chiffre d'affaires solide... À l'avenir, la croissance du résultat demeure la priorité absolue de l'équipe dirigeante et il reste encore du chemin pour atteindre nos objectifs de rentabilité », et le directeur financier d'ajouter : « Notre priorité est de créer de la valeur pour nos actionnaires. »

Pour Ayrault, venu inaugurer la chaîne A350 en octobre dernier, l'entreprise Airbus est devenue « le symbole d'une Europe performante »... aux dépens des conditions de vie et de travail des salariés. Ayrault et son gouvernement sont clairement du côté des patrons et des actionnaires.

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