Un film de Lam Lê : Les ouvriers indochinois enrôlés de force par le pouvoir colonial français14/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2328.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Un film de Lam Lê : Les ouvriers indochinois enrôlés de force par le pouvoir colonial français

Le film-documentaire Công Binh, la longue nuit indochinoise du réalisateur Lam Lê évoque le sort de milliers de travailleurs indochinois exilés de force par l'État français en 1939, puis exploités dans les usines de la métropole et les rizières de Camargue, au travers des témoignages de quelques-uns d'entre eux encore en vie.

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le ministre des Colonies, Georges Mandel, recruta 20 000 Indochinois, arrachés à leurs villages, pour remplacer les ouvriers français partis sur le front allemand. L'Indochine faisait alors partie de l'empire colonial français et depuis des décennies, les Michelin et autres capitalistes français continuaient à construire leur fortune sur la sueur et le sang du peuple vietnamien.

Ces Công Binh, ouvriers soldats comme on les appelait, une fois en France, furent parqués dans des camps, surexploités, très mal payés et parfois pas payés du tout. Ces travailleurs n'avaient quasiment aucun droit : pas de tenues de travail, très peu de nourriture, des brimades, des punitions, le cachot et les coups. Certains furent aussi exploités dans des conditions très dures dans les rizières en Camargue. Cela dura de 1939 à 1952.

Environ mille d'entre eux sont morts à force de mauvais traitements ou de maladies pendant les années passées à travailler sous le gouvernement de Daladier, qui mit en place ce recrutement de la Main-d'oeuvre indigènes, MOI, dès mai 1939, puis sous Pétain.

Ce film, qui donne la parole à des messieurs qui ont aujourd'hui plus de 90 ans et dont quatre sont morts depuis le tournage, lève ainsi le voile sur un des méfaits du colonialisme français qui, comme tout ce qui touche au passé colonial, a été occulté des dizaines d'années durant.

Aline RETESSE

Ce film passe en ce moment au cinéma La Clef à Paris, 34, rue Daubenton dans le 5e arrondissement. Il sera aussi au programme du cinéma à la fête de Lutte ouvrière à Presles les 18,19 et 20 mai prochains

Partager