Inde : Vague de protestations contre le viol d'une jeune femme26/12/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/12/une2317.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Inde : Vague de protestations contre le viol d'une jeune femme

En Inde, une étudiante en kinésithérapie de 23 ans, accompagnée de son compagnon, a été prise à partie dans un bus par un groupe de six hommes qui l'ont violée et battue avant de la jeter hors du véhicule. Outre ses nombreuses contusions, la jeune femme souffre de troubles respiratoires et les médecins sont réservés sur son état.

Cette agression a déclenché un mouvement de manifestations, où a été notamment dénoncée l'indifférence du gouvernement indien vis-à-vis des violences faites aux femmes. Ces manifestations répétées ont obligé le Premier ministre à dénoncer publiquement le viol dont a été victime la jeune femme.

À la fin des années soixante-dix, un verdict graciant des policiers ayant commis un crime identique avait déclenché des manifestations et contribué à développer un mouvement féministe. Il y a quelque temps, une vidéo sur Internet montrant l'agression d'une jeune femme par une vingtaine d'hommes avait lancé un débat contre la passivité du journaliste qui avait filmé la scène sans intervenir.

Certes, la présidence de l'Inde est actuellement occupée par une femme. Dans le passé, Indira Ghandi a pu être Premier ministre pendant seize ans. Il n'empêche que le sort fait communément aux femmes en Inde les place dans une situation où elles sont considérées comme bien peu de chose.

Même si la Constitution indienne prétend que femmes et hommes sont égaux, et même si les préjugés contre les femmes ne sont pas l'apanage de l'Inde, mettre au monde une fille dans ce pays reste considéré comme un déshonneur. Paradoxalement, c'est dans les grandes villes, et donc dans les milieux censés être plus évolués, que l'élimination des filles est la plus pratiquée. Grâce aux techniques modernes de l'échographie et de l'avortement, une femme enceinte peut ainsi avorter jusqu'à ce qu'elle soit sûre d'avoir un garçon. Dans les zones plus rurales, où il n'est pas question d'échographie et d'avortement, les homicides de petites filles sont courants pour les mêmes raisons.

En conséquence, sur quelque 250 000 crimes commis par an en Inde, 90 % visent des femmes. Le résultat est patent : ce pays compte bien plus d'hommes que de femmes.

Une féministe indienne, Urvashi Butalia, a expliqué dans un quotidien que « le viol n'est pas quelque chose qui se produit de manière détachée. Ça fait partie d'une violence continue et bien implantée dans notre société, qui cible les femmes de manière quotidienne », concluant avec raison que « manifester est important. Ça secoue la conscience d'une société et ça pousse les gens vers le changement. »

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