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- Lutte ouvrière n°2317
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Leur société
Tapis vert : Rien à négocier à partir des propositions patronales
Les négociations entre le Medef et les organisations syndicales n'ayant pas abouti à la fin de 2012, elles reprendront les 10 et 11 janvier 2013. Le gouvernement, qui voulait un accord avant la fin 2012, en est donc pour ses frais. Même s'il rappelle qu'il est prêt à légiférer s'il n'y a pas d'accord, le patronat ne craint guère ce « retenez-moi ou je vais faire un malheur ».
Les revendications du Medef sur le contrat de travail sont tellement exorbitantes que Thibault, l'ex-secrétaire général de la CGT, a accusé le syndicat patronal d'avoir voulu « faire avaler une espèce d'huile de ricin pour les fêtes de fin d'année », en demandant toujours plus de flexibilités et de sacrifices. Bernard Thibault dénonce ces discussions qui ont pour seul but, sous prétexte de « sécuriser l'emploi, d'accélérer, simplifier les procédures de licenciement ». Le Medef demande ni plus ni moins la remise en cause du contrat à durée indéterminée (CDI), qui serait dit-il une entrave à la souplesse du marché du travail et à la compétitivité de l'industrie française.
Le projet mis sur la table par le Medef propose ainsi des "CDI intermittents", ou même des "CDI de projet", dont la durée correspond juste à la réalisation d'une tâche, et sitôt celui-ci terminé ce serait la porte.
De telles exigences sont inacceptables, tout comme est inacceptable l'ensemble de la politique patronale imposée au monde du travail : politique faite d'innombrables licenciements, de pressions à la baisse sur les salaires et de remises en cause d'avantages acquis.
En janvier, il se trouvera peut-être des dirigeants syndicaux qui signeront un texte que le Medef aura légèrement tempéré, mais dans lequel il maintiendra la plupart de ses attaques contre le monde du travail. C'est d'ailleurs là le jeu classique du patronat dans ces négociations : en demander un peu plus, céder à la marge, pour au final obtenir ce qu'il veut vraiment. Ces négociations ne visent en fait qu'à remettre en cause toute une série de droits des salariés. Alors, pourquoi entrer dans ce jeu ? Pourquoi les directions syndicales acceptent ces négociations qui ont pour enjeu de trouver un terrain d'entente, non pas sur les revendications des salariés, mais sur les exigences du patronat ?
La force des travailleurs ne peut pas être autour d'un tapis vert, où se côtoient des « partenaires sociaux ». Elle est dans la rue, les bureaux, les chantiers, les usines, où peuvent se mesurer l00es rapports de force. Et dans ce cas, si négociations il doit y avoir, elles se feraient, non plus sur les exigences patronales comme aujourd'hui, mais sur les revendications et les besoins urgents des travailleurs. Et cela fait toute la différence.